La création d’une BBC à la française, une “fausse solution” pour plus de 1800 élus

Les syndicats et de nombreux élus locaux critiquent la volonté du gouvernement de rassembler toutes les filières de l’audiovisuel public en une seule entité.
Les syndicats des entreprises de l’audiovisuel public, représentant Radio France, France Télévisions, France Médias Monde et l’INA, ont exprimé leur vive opposition à la réforme en cours du secteur, soutenue par le gouvernement. Le 18 février, plus de 1 800 élus ont cosigné un texte où ils dénoncent ce projet qu’ils qualifient de “fausse solution”. Selon eux, la création d’une holding, France Médias, chapeautant ces quatre entités, comme le prévoit la réforme, constitue une mauvaise piste. “Nous vous mettons en garde contre les nombreux risques que comporterait une fusion ou une holding afin de ‘rationaliser’ la gouvernance de l’audiovisuel public”, écrivent-ils dans une tribune publiée dans Ouest-France.
L’intersyndicale souligne que cet objectif de rationalisation ne renforcerait ni les médias publics au niveau national ni à l’international. Pour les signataires, cette réforme ne répond pas aux véritables enjeux du secteur. Fin janvier, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé qu’elle poursuivrait la réforme, dont l’aboutissement est prévu “d’ici l’été”. Elle envisage la création de France Médias, une holding qui regrouperait sous son autorité France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA, placés sous la direction d’un ou d’une présidente.
Ce projet de réforme, qui évoque également la fusion des entreprises de l’audiovisuel public, avait été suspendu l’année précédente suite à la dissolution de l’Assemblée nationale en juin. Les syndicats, eux, ne manquent pas de souligner les risques d’affaiblissement du projet éditorial des médias publics. “L’audiovisuel public ne s’est jamais aussi bien porté”, rappellent-ils, citant notamment les audiences record de stations telles que France Inter et franceinfo. De plus, ils rappellent que ces entreprises représentent 500 millions d’euros d’investissements dans des domaines culturels essentiels tels que le cinéma, la musique, la fiction, les documentaires et les séries. “Souhaitons-nous les voir s’amenuiser ou disparaître ?”, interrogent-ils.
L’intersyndicale craint également des conséquences néfastes sur l’emploi des 17 000 salariés du secteur. “N’oublions pas non plus les risques de pressions, politiques ou économiques, qui pourraient s’exercer sur la présidence d’une holding qui regrouperait tout l’audiovisuel public. Voulons-nous vraiment concentrer tant de pouvoirs entre les mains d’une seule personne ?”, avertissent les signataires de la tribune. Le projet reste cependant assez menacé, dans le climat politique actuel, encore très instable.