Orange prépare le démantèlement de son réseau en cuivre, un trésor recyclable à plusieurs milliards d’euros

Orange prépare le démantèlement de son réseau en cuivre, un trésor recyclable à plusieurs milliards d’euros

Cette semaine, plus de 160 premières communes verront l’extinction de l’ADSL, portée par le réseau cuivre. Assis sur une mine “d’or rouge”, Orange cherche qui pourra se charger de démanteler les installations. 

Orange entame cette semaine une étape majeure de sa transition technologique en amorçant l’arrêt progressif de son réseau de câbles en cuivre, désormais obsolète face à la fibre optique. D’ici à 2030, ce vaste chantier prévoit l’extinction complète du réseau cuivre, suivie de son démontage d’ici 2032. À la clé, un enjeu économique majeur : le recyclage de cet « or rouge », qui pourrait rapporter à l’opérateur plusieurs milliards d’euros.

Le chantier débute par l’arrêt du réseau dans 162 communes. Le démontage des câbles, lui, est attendu pour 2025 et concernera une partie des installations aériennes et souterraines. L’objectif : valoriser environ 80 % des fils téléphoniques, bien que certains câbles enfouis en dehors de fourreaux soient difficilement accessibles et donc exclus du processus. Avec près d’un million de kilomètres de câbles à recycler, les volumes en jeu sont colossaux. Depuis plusieurs années, Orange recycle déjà les câbles endommagés par des intempéries. Toutefois, l’ampleur de l’opération va considérablement s’intensifier avec ce démantèlement généralisé.

« Notre projet est de financer le décommissionnement par le recyclage du cuivre », explique Bénédicte Javelot, directrice des projets stratégiques et du développement d’Orange France, tout en nuançant : « Ce n’est pas une machine à cash. » En effet, démonter un réseau couvrant 44 millions de foyers représente un défi logistique et financier de taille. Les appels d’offres pour la collecte des câbles ont déjà été lancés, et ceux destinés aux recycleurs de métaux suivront dès le printemps. La première tranche, couvrant la période 2025-2027, ouvrira la voie au traitement des volumes les plus importants, prévus entre 2027 et 2032. Parmi les entreprises en lice figurent des poids lourds du secteur, comme Suez, Veolia, Derichebourg et d’autres acteurs européens.

Avec des centaines de milliers de tonnes de cuivre qui seront progressivement injectées sur le marché, les recycleurs devront adapter leurs capacités. Toutefois, Orange n’a pas vocation à conserver durablement un rôle de client dans cette filière, les stocks n’étant pas illimités. Dans un souci de respect de ses objectifs environnementaux – notamment la neutralité carbone d’ici 2040 – Orange privilégiera des recycleurs basés en France ou dans des pays voisins pour limiter les distances de transport. L’État, de son côté, surveillera de près que la filière française tire un maximum de bénéfices de ce projet, même si elle ne pourra pas absorber la totalité des volumes recyclés.

Une partie du cuivre transformé en grenaille ou en billes sera ensuite acheminée vers des fonderies, principalement situées en Belgique, en Allemagne ou en Espagne. Si le groupe français Nexans prévoit d’ouvrir une fonderie dédiée en France, celle-ci ne sera opérationnelle qu’à partir de fin 2026 et ne pourra absorber qu’une fraction des volumes générés par Orange.

Source : Les Echos

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox