Inquiétude grandissante chez Bouygues Telecom : des suppressions de postes en perspective ?
Des rumeurs persistantes de plan social circulent au siège de Bouygues Telecom à Meudon, jetant une ombre sur le moral des équipes depuis leur retour de vacances.
Malgré le démenti formel de la direction, l’inquiétude ne cesse de croître parmi les 6 000 salariés du groupe (hors boutiques), qui s’attendent à des annonces majeures d’ici la fin septembre ou au milieu de l’automne, rapporte Le Parisien. « Un plan se prépare depuis des mois, glisse un expert du secteur. C’est un secret de Polichinelle. L’entreprise a déjà dit plusieurs fois qu’il n’y aurait aucune embauche d’ici 2025 car des suppressions de postes étaient dans les cartons. » Bien que les syndicats n’aient pas reçu de détails précis, le chiffre de 1 000 départs est régulièrement évoqué. « On nous a juste dit qu’en principe, les annonces auraient lieu à la fin du mois, confie Azzam Ahdab, délégué syndical CFDT. On ne sait pas du tout quelle forme cela prendra ni combien de postes sont concernés. Des postes d’ingénieurs informatiques ou en lien avec la relation clients pourraient être dans le viseur de la direction. »
Délocalisation des postes stratégiques
Depuis plusieurs années, Bouygues Telecom développe davantage ses activités dans ses filiales de Porto (Portugal) et Rabat (Maroc), notamment pour les métiers d’ingénierie informatique et de relation clients. Selon le syndicaliste CFDT, cette orientation pourrait refléter une stratégie visant à réduire les coûts salariaux en France en misant sur ces sites étrangers.
Un contexte sectoriel difficile
Le secteur des télécommunications fait face à des défis majeurs, entre les lourds investissements nécessaires pour la 5G et la baisse continue des prix des forfaits. « Martin Bouygues, dont le groupe se porte très bien, veut continuer à investir, analyse un fin connaisseur du secteur interrogé par Le Parisien. Mais il sait aussi que l’avenir des télécoms risque d’être compliqué. » Cette situation entraîne un discours interne de plus en plus alarmant.
Lors des derniers comités sociaux et économiques (CSE) avant l’été, la direction a insisté sur la nécessité de moderniser et de transformer l’opérateur pour faire face à la faible croissance du marché. Un tract publié en juillet par le syndicat FO relayait les préoccupations de la direction, évoquant des « pistes de transformation » à venir : « Bouygues Telecom est dans une zone de turbulences au niveau mobile, avec une remise en cause de son modèle, un très net ralentissement du marché du mobile en volume, une relance de la guerre des prix entre opérateurs… »
Le désarroi des salariés
« On nous a dit que les prévisions de croissance pour 2030 n’étaient pas tenables et que les choses vont mal, poursuit Azzam Ahdab. Mais l’entreprise enregistre un bénéfice net important chaque année, nous avons une dette de 3 milliards d’euros, ce qui est dérisoire par rapport à SFR ou Orange. Et nous sommes en pleines négociations pour racheter La Poste Mobile. Tout cela ne colle pas avec une boîte qui serait dans le rouge et obligée de lancer une vague de suppressions de centaines de postes. Les salariés sont dégoûtés. »
Les précédents plans de départs volontaires chez Bouygues Telecom datent de 2012 et 2014, après l’arrivée de Free sur le marché du mobile qui avait considérablement bouleversé le marché. Aujourd’hui, l’incertitude plane de nouveau sur l’avenir des employés, alimentée par un climat interne tendu et des perspectives économiques préoccupantes.
Source : Le Parisien, merci à Jean-François