Suite à la diffusion de l’émission Cash Investigation ce mardi, nous avons souhaité avoir la réaction aussi bien des représentants des salariés de Free, que ce ceux de la direction. Les élus du personnel nous ont ainsi transmis une lettre à l’attention d’Elise Lucet. Nous vous la livrons telle que nous l’avons reçue :
Madame LUCET,
Contrairement à la déclaration des droits et des devoirs des journalistes (Munich) et à la charte d’éthique et professionnelle des journalistes, qui évoquent l’impartialité, l’équité et le respect de la vérité dans le traitement de l’information, vous n’avez même pas pris la peine de nous contacter, ni de contacter, nous, élus majoritaires, et les autres personnes qui travaillent chez Free, afin de connaitre nos positions quant aux différents évènements cités dans votre émission, pourtant, vous faites un métier pour lequel beaucoup de personnes se sont sacrifiées et continuent à le faire, parfois même au prix de leur vie, pour que la vérité et la justice triomphent toujours.
Vous avez donné la parole à un seul représentant syndical minoritaire, qui n’a eu aucun mandat électif sur le site de Colombes (Mobile / Election de 2016). Vous n’avez jamais jugé utile d’interroger les syndicats majoritaires, les autres élus et représentants. Une vraie occasion pour un règlement de compte par un syndicat. Vous avez pris parti, retranscrit les informations qui vous sont communiquées par ce syndicat.
Pardonnez-nous, vous nous apportez une preuve supplémentaire que ce syndicalisme utilise des méthodes de voyous qui mettent en danger les salariés et qui menacent l’emploi dans nos entreprises. Nous nous permettons de citer Badinter qui disait en 1992 à quelques extrémistes juifs lors de la commémoration de Vel d’hiv " …vous déshonorez la cause que vous croyez servir ", c’est exactement ce que ce syndicat fait actuellement.
Parlons maintenant de vos « témoins » :
Le responsable du plateau :
Ancien conseiller, ancien responsable d’équipe adjoint, ancien responsable de plateau, ancien soutien d’un responsable de site qui licenciait des personnes sans ménagement, nous avons été contraints de mener une série d’actions pour que cette personne soit mise hors d’état de nuire.
Féral a gravi tous les échelons, il n’a jamais saisi un élu pour se plaindre de ses conditions de travail, ou pour signaler un abus, Il a licencié plus de 200 salariés à lui seul, ce qui est mathématiquement impossible, mais, quand bien même, il est complice de cette pseudo politique. Ramener un cannibale pour parler des personnes qu’il a dévorées, il n’y a que Cash Investigation qui peut le faire. Oui, le système est ainsi fait.
Le délégué syndical de SUD :
Pour être clair, il lui a suffi d’obtenir quelque voix pour être désigné comme délégué syndical, sans être élu. Sa seule politique sur le site de colombes est :
– Dénoncer les salariés et les élus.
– Filmer et enregistrer les salariés à leur insu.
– lancer des enquêtes CHSCT pour avoir le maximum d’heures de délégation et ne pas travailler.
– Inonder la direction par des réunions qui durent parfois trois jours, oui, ce n’est pas une erreur, vous avez bien lu, trois jours.
– Tourner autour de chaque salarié fragile pour exploiter sa souffrance.
– Chercher des cadavres, partout, de maintenant ou d’hier.
Nous nous arrêtons là…
Un personnage qui n’a porté aucun sujet qui concerne les salariés, il aime parler de lui, pour lui. Il n’a pas la légitimité des urnes, mais il a celle de Cash Investigation, oui, le système est ainsi fait.
Tenez-vous bien. Ce Monsieur reçoit des consignes directement de son syndicat, jusqu’à là, rien d’anormal, mais la personne qui lui dicte la stratégie à suivre, est un salarié détaché de chez…Orange, notre concurrent, mais il passe plus de temps chez Free. Il est d’ailleurs venu aujourd’hui dans notre entreprise ! Vous l’avez bien lu, au nom d’une étiquette syndicale, un concurrent peut venir chez nous et jubiler sur cette image donnée par Cash Investigation. N’y a-t-il pas quelque chose de surprenant dans ce fonctionnement ? Oui, le système est ainsi fait.
La RRH (responsable des relations humaines) :
Le comble, Cash Investigation met en scène une sanction d’un salarié pour avoir eu quatre retards de quelques minutes, ce qui est ignoble de la part de la direction. Mais le saviez-vous ? C’est cette RRH elle-même qui a mis en place cet échelon de sanction, elle a sanctionné plus de salariés en un an, que tous les RRH du site de Paris. Manger avec le loup et venir pleurer avec le berger. Oui, le système est ainsi fait
Maintenant, parlons de la direction :
Tout d’abord, une petite introduction, nos équipes ne reçoivent de consigne de personne, nous avons juste cette rage contre l’injustice, car nous avons une équipe d’élus qui travaille durement pendant que les élus des autres syndicats sont défaillants, ils ont eu des mandats, des heures de délégation et tous aux abris, les salariés attendront les prochaines élections pour les recroiser, une fois tous les quatre ans, c’est un peu comme nos députés, oui, le système est ainsi fait.
Angélique GERARD :
Alors que dire, c’est notre patronne, pourtant accessible 24/24 7/7, nous avons des désaccords, parfois des analyses différentes, mais toujours avec le même objectif : Quand un problème se pose, nous ne la quittons sans trouver une solution. Nos échanges les plus musclés finissent par se calmer dans une sorte de compromis. Elle bouscule son agenda, elle annule son déjeuner, rentre tard chez elle, pour un seul salarié, un seul cas, un seul sujet…
Nous mettons au défi, un seul salarié, qui a eu un problème et qui après nous avoir sollicités n’a pas trouvé une solution, parfois des problèmes qui dépassent le cadre de l’entreprise.
Nous l’avons rencontrée la semaine dernière, car nous avons des sujets qui sont en attentes : grille de prime, salaires, recrutements, des sujets qui concernent nos salariés, elle est toujours à l’écoute, elle croise les informations, et elle est présente. Mon rôle, notre rôle, c’est de ne laisser aucun salarié en détresse, c’est ce que nous faisons tous les jours.
Xavier NIEL :
Le grand patron, le milliardaire, le puissant, mais laissez-nous vous dire quelque chose :
Quand nous avons lu son interview dans Society, nous avons cru à une blague. Aller dire que nous faisons un travail "horrible" c’est juste le suicide de sa réputation. Nous lui avons envoyé un mail lui disant que nous étions en colères, que les mots ont un sens, que nos salariés l’écoutent et s’inquiètent. Il a répondu, nous sommes rentrés dans une petite polémique, qui s’est terminée par : Je peux rencontrer les salariés inquiets.
RDV pris, il s’est excusé, il nous a expliqué qu’il voulait dire "pénible" et non "horrible", qu’il n’a aucune intention de délocaliser nos emplois. Nous avons notre centre d’appel dans le 8ème arrondissement, d’ailleurs, cash a oublié de préciser que nous sommes le seul centre d’appel sur Paris.
Réunion de Xavier Niel avec les élus du personnels suite à la parution de l’article de Society
Tout cela ne vous intéresse pas, tout comme le salarié que vous avez interviewé dans notre centre d’appels ce jour-là. Nous vous l’accordons, un salarié avec une ancienneté de plus de 10 ans qui aime son travail ainsi que ses conditions, ne fait pas vendre. Ce n’est pas du sensationnel, et puis, nous sommes dans une époque où dire du bien n’intéresse personne, il faut dire du mal, pour ouvrir les polémiques, exacerber les passions, provoquer, diviser.
Non, Madame LUCET, c’est votre univers qui est impitoyable !
Votre pouvoir vous donne la capacité de déformer, de désinformer, et de trier ce que vous voulez publier, mais pitié, ne le faites pas au nom du devoir d’informer.
Vous aurez notre reconnaissance le jour où vous allez parler du management chez France Télévisions, du nombre de CDD, des licenciements des personnes qui ont donné leur vie à ce service public. Vous avez peut-être, chez vous, des salariés en burn-out, peut-être à coté de votre bureau, ou que vous croisez dans les couloirs de votre grand bâtiment.
Soyez fiers, car votre reportage a provoqué de la haine, des insultes, des menaces de mort, et nos collègues ont récolté les conséquences.
Quant à nous, nous allons davantage travailler, notre mission est d’honorer nos mandats et servir nos salariés, et non pas de faire couler notre entreprise.
Enfin nous terminons par la citation de MalcomX :
"Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés, et aimer ceux qui les oppriment"
Elus Comité Central de l’UES
Elus Comité d’Entreprise
Elus Délégués du Personnel.
Elus CHSCT.
Précision : Suite aux messages de certains, nous avons demandé pourquoi les élus du personnel, qui sont plus d’une vingtaine sur les différents sites de Free, n’avaient pas mentionné leurs noms. Ils nous ont répondu "Certains chez Free ont reçu des menaces à leur encontre, ce qui est peut être acceptable, mais recevoir des menaces contre nos familles, il est de notre devoir de les protéger. Quelques menaces : "je vais baiser ta fille" "je connais l’école de ton enfant", "on va vous liquider"….".