Le groupe France Télévisions et sa présidente Delphine Ernotte-Cunci ont décidé pour la rentrée de prendre des risques, comme l’annonce la présidente dans les lignes des Echos. En effet, le conseil d’administration ayant approuvé le contrat d’objectifs et de moyens, d’une durée de 5 ans, le groupe va renouveler des programmes qui s’essoufflent actuellement, investir dans la création, développer le numérique mais également lancer sa chaîne info publique, qui sera pour la présidente comme un "laboratoire" sur la manière de travailler.
Le but est alors de financer de manière plus importante la création et de pouvoir tester de nouvelles choses, notamment par la fiction et la comédie, en libérant des cases en deuxième partie de soirée et en journée. De plus, la marge de progression sur les après-midi de France 2 est importante et sur les week-ends aussi. Les soirées seront revues pour apporter plus de cohérence entre la première et seconde partie de soirée. Pour se faire, France TV va augmenter ses ressources propres en lançant une offre de vidéo à la demande par abonnement, qui pourrait être commune avec d’autres chaînes publiques européennes.
"Produire plus et mieux"
Pour Delphine Ernotte-Cunci, "la création française n’est plus financée à la hauteur de ses besoins". Et elle voit également une compétition audiovisuelle importante avec des supports comme Netflix ou Amazon, dès cet automne, qui sont des concurrents directs.
C’est donc dans un souci de "produire plus et mieux mais aussi différemment" que le groupe va investir près de 420 millions d’euros par an pour la création contre moins de 400 millions auparavant. "Nous pouvons désormais produire notre série quotidienne. Elle pourrait être à l’antenne en 2018", comme le souligne la présidente.
Pour ce qui est du service de vidéo à la demande (SVoD), il devrait être lancé en mars 2017, en parallèle d’une présence accrue sur les réseaux sociaux. Les plateformes Pluzz et Pluzz VAD seront également retravaillées, dès cet automne, avec la mise en place de nouveaux moteurs de recherche. France Télévisions, c’est 300 millions de vidéos vues par mois et une hausse de 70 % sur les mobiles et tablettes d’une année à l’autre. L’objectif est donc d’atteindre les 1 milliard en 2020.
"Nous voulons devenir premiers"
La chaîne info, quant à elle, devrait arriver dès le 1er septembre, avec une volonté d’approfondissement et d’analyse. Le but est de pouvoir fabriquer des sujets visibles sur mobile et tablette pour faire un pas plus important vers le numérique. "La priorité, ce n’est pas l’audience télé de cette chaîne. C’est d’être le site d’information numérique de référence. France TV info est actuellement le quatrième site d’info, nous voulons devenir premiers. "
Mais ce système inquiète les syndicats qui voient une polyvalence grandissante, comme les journalistes qui devront réaliser leur montage. A ceci, Delphine Ernotte-Cunci répond qu’ils "vont revoir l’accord sur les métiers pour instaurer une nouvelle donne".
Cependant l’aspect financier vient ternir la toile. Même si les ressources commerciales rapporteront 30 millions d’euros (parrainage, activités de coproduction et SVoD) et la dotation supplémentaire de l’État devrait rapporter 63 millions d’euros d’ici 2020, il faut encore 65 millions d’euros d’économies supplémentaires au groupe. Ceci passera donc par la solution la plus en vogue actuellement, le non-remplacement d’un départ sur deux à la retraite, soit 500 suppressions de postes.