Le 30 mars dernier, le projet de loi Création et Internet revenait devant les députés. Projet contre lequel FDN (French Data Network), le plus vieux fournisseur d’accès Internet (FAI) français, s’oppose publiquement. Ce même jour, l’association recevait de SFR, filiale de Vivendi, une lettre résiliant son contrat de collecte de trafic Internet. Benjamin Bayart, président de FDN, a accordé une interview à ecrans.fr dans laquelle il donne son point de vue quant aux objectifs cachés de SFR qui souhaiterait imposer sa loi dans la diffusion de contenus sur Internet. Extraits
Que révèle au fond cette affaire ?
Le vrai sujet n’est pas de savoir si c’est lié à Hadopi. Le fond du problème est que SFR, ou plutôt Vivendi, est en train de faire le marché à sa main. Tous les gros clients de Neuf-Cegetel ont été rachetés (AOL, Télé2, etc.) et maintenant ils veulent dégager les petits. C’est-à-dire définir la taille de clients qui a le droit d’exister en France. Plusieurs fois, j’ai entendu le commercial me dire : « ce ne sera pas rentable ». Mais qu’est-ce qu’il en sait ? C’est mon business. Pas le sien. Et on n’a jamais perdu un euro sur l’accès ADSL.
Qu’entendez-vous par faire le marché à sa main ?
Vivendi milite frontalement pour Hadopi, c’est-à-dire pour un système où les gens ne sont pas libres d’échanger entre eux, mais où ils sont filtrés, surveillés, mouchardés. Dans deux mois, vous verrez les mêmes militer pour avoir une taxe pour accéder aux contenus. Non seulement on sera filtré, mais en plus on sera taxé. Ce sera fromage et dessert.
Vivendi vit à l’heure actuelle dans un équilibre bizarre où sa plus grosse source de revenus est SFR. Sachant que le contenu est valorisable. Et qu’ils aimeraient bien amener le téléphone fixe sur un modèle économique proche de celui du téléphone mobile aujourd’hui.
C’est-à-dire ?
Une espèce d’oligopole où ils sont trois-quatre à ne pas trop se tirer dessus. Où ils peuvent vendre le contenu extrêmement cher sur un réseau assez fermé. Par exemple quand on vous vante la possibilité d’écouter ou d’acheter de la musique sur un portable, bizarrement ça n’est jamais de la musique libre de droit, mais toujours de la musique vendue par le partenaire privilégié de l’opérateur. C’est un choix de société, mais à priori ce choix marchera mal.
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