Jacques Attali : Avec Hadopi, “On a une guerre de retard”
Jacques Attali s’était déjà levé contre la loi Hadopi, lui qui est favorable à la licence globale. Dans une interview accordée à Libération, il revient sur le combat d’arrière garde que tentent de mener les majors du disque et les sociétés d’auteurs. Extraits
Votre regard sur loi Hadopi qui sera votée à la rentrée ?
Ce sera encore une loi, plus ou moins avortée, qui ne servira à rien.
Et politiquement, vous comprenez l’obstination du gouvernement ?
Il y a une cohérence. Celle de défendre quelques vedettes politiquement très visibles, mais qui ne représentent rien. Et qui, si on y réfléchit bien, sont surévalués au regard de leur utilité artistique, pour ne pas parler de leur utilité sociale. Ils ne représentent pas la véritable créativité française.
A gauche comme à droite, il y a toujours l’idée que les artistes sont un pouvoir de nuisance considérable et qu’il vaut mieux les avoir avec soi que contre soi. Seulement, dans cette affaire, le pouvoir politique ne s’est pas rendu compte qu’il y avait des gens beaucoup plus courageux, qui avaient compris que l’intérêt de l’art en général n’était pas du côté des marchands de technologies dépassées.
Il est très important que le gouvernement choisisse son camp. Les artistes, en tant que tels, devraient être défendus par les pouvoirs publics, ce qui n’est pas le cas. Pour le moment, il semble avoir choisi le camp des majors et de quelques artistes liés aux majors.
Comment va évoluer ce paysage dans cinq ou dix ans ?
Je pense qu’il y aura progressivement la mise en place de licence globale avec un système de répartition des droits qui tiendra compte des véritables usages. Au lieu de savoir ce que monsieur X télécharge, on saura combien de fois tel artiste aura été téléchargé. Ce qui est une totale inversion des choses. Il existe déjà des logiciels qui permettent de le savoir. Il n’est pas plus difficile de connaître le nombre de fois où un film a été téléchargé, que de faire le tour de tous les bals populaires pour savoir quelles musiques ont été jouées par les orchestres amateurs, comme le fait la Sacem depuis un siècle.
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