Timing serré pour la vente de M6 à TF1, Xavier Niel pourrait en profiter
La date butoir pour la cession d’M6 est connue, mais le timing est de plus en plus serré. La volonté du groupe de fusionner avec TF1 risque d’être remise en question. D’autres acheteurs pourraient tirer leur épingle du jeu.
Une grande horloge qui avance un peu trop vite pour certains. Le groupe Bertelsmann, propriétaire d’M6, a révélé récemment avoir une préférence pour signer avec TF1. Une fusion qui “s’inscrirait dans notre stratégie de poursuite active de la consolidation du marché”, affirmait alors Thomas Rabe, son PDG. Cependant, ce mariage entre les deux groupes majeurs de l’audiovisuel français ne se fera pas sans encombres. Le compte à rebours est déjà lancé, il leur reste deux ans pour se mettre la bague au doigt.
Une date peut aujourd’hui tout changer du fait de l’importance qu’elle revêt, à savoir le 5 mai 2023. Ce jour là, arrivera à échéance l’autorisation d’M6 d’émettre sur la TNT. Passé cette date, la chaîne devra effectuer un renouvellement de licence auprès du CSA. Après validation, le groupe Bertelsmann se verra alors interdit de vendre sa filiale française pendant 5 ans.
Si le délai paraît long, il ne l’est pas tant que cela, car des obstacles et restrictions subsistent. Une fusion entre M6 et TF1 entraînerait la création d’un acteur cumulant près de 63% du marché publicitaire, ce qui pousserait l’Autorité de la concurrence à analyser le sujet en profondeur. Et pour cela, cette dernière devra évaluer quels sont les marchés pertinents : celui de la seule télévision gratuite hertzienne français ou celui des plateformes de streaming vidéo et de la publicité numérique. Puis il faudra interroger tous les acteurs du domaine : concurrents, détenteurs de droits, producteurs et même les opérateurs distribuant les chaînes… Une étude longue pour mesurer la portée d’une telle opération, qui prendrait au minimum 18 mois.
Face à ce timing très serré, le propriétaire de M6 se donne jusqu’à la fin du mois pour dévoiler la liste restreinte des potentiels acquéreurs de sa chaîne. De quoi trouver une solution correcte et analyser tous les scénarios possibles, tant avec le groupe Bouygues qu’avec Vivendi, puisqu’une potentielle fusion avec Canal+ poserait les mêmes problèmes. Deux options s’offrent à M6 si aucune solution n’est trouvée : renoncer à être vendue, ou choisir un acheteur qui ne pose pas de souci du point de vue de la concurrence. De quoi ravir les différents acheteurs extérieurs, notamment Xavier Niel qui a déjà déposé une offre de rachat. Le fondateur de Free pourrait en profiter.
Des amendements pour faciliter la vente
En revanche, tout n’est pas perdu pour le groupe. En effet, plusieurs des demandes du patron de M6 ont été prises en compte, avec plusieurs amendements de sénateurs examinés mercredi par la commission de la Culture. Notamment sur le point qui pose problème : l’interdiction de revente après le renouvellement d’autorisation d’émettre sur la TNT.
En effet, les membres de la Chambre Haute ont adopté un amendement proposant de renoncer à cette interdiction de revente si une chaîne dispose d’une précédente autorisation pour le même service. C’est effectivement le cas pour M6 et cela permettrait ainsi de donner un peu plus de latitude au groupe pour choisir un repreneur. Nicolas de Tavernost, patron du groupe, avait déjà critiqué cette réglementation, estimant qu’elle accélérait plus la vente que l’opposé.
D’autres obstacles se dressent sur le chemin de la fusion cependant, notamment la loi anti-concentration qui impose qu’un groupe ne peut pas détenir plus de 49% du capital d’une chaîne nationale. Ou encore l’interdiction pour un groupe audiovisuel de posséder plus de sept fréquences TNT, ce qui obligerait TF1 à céder des chaînes s’il acquiert M6, qui en contrôle cinq.