Couacs dans la fibre optique : ça n’est pas que la faute des sous-traitants, mais aussi celle des abonnés
Dans les dysfonctionnements affectant le réseau fibre optique, les sous-traitants ne sont pas les seuls responsables. Le syndicat s’occupant du déploiement à l’échelle d’un département dénonce la part de responsabilité des abonnés toujours en quête du moins cher et l’ubérisation du secteur.
“Il faudrait que certains particuliers arrêtent de changer d’opérateur tous les six mois, pour bénéficier de l’abonnement le moins cher” estime Rachid Adda, dans une interview accordée à La gazette Val d’Oise, à propos des problèmes sur le réseau fibre optique. Selon le directeur de Val-d’Oise Numérique, syndicat chargé du déploiement de la fibre dans le département, “cette manie de changer d’abonnement représente jusqu’à 40 % dans certains quartiers” et participerait à la situation actuelle. Il souligne par ailleurs que “les pannes sur le réseau ne représentent que 5 %”. Et d’insister sur le fait qu’“il faut toujours rapporter le nombre de pannes au nombre de lignes actives”.
Ubérisation des interventions et manque de formation
Rachid Adda dénonce la précarisation des intervenants en bout de chaîne. “L’opérateur paie un sous-traitant pour les interventions. Mais seulement, le sous-traitant fait lui-même appel à un autre intervenant qu’il paie moins cher, tout en empochant la commission de l’opérateur. Ce technicien low cost intervient pour 30 à 50 euros. Il lui faut donc réaliser un maximum de réparations. C’est pour ça que je m’indigne contre l’ubérisation des interventions”, explique-t-il.
Le directeur de Val-d’Oise Numérique souligne par ailleurs le problème des compétences des intervenants sur le terrain. “Il suffit que 10 % de techniciens soient mal formés pour que l’opération soit un échec”, déplore-t-il.
Du travail bâclé
Alors que le réseau est surdimensionné, avec par exemple un boîtier contenant douze branchements pour dix logements et dix mètres de fibre optique à l’intérieur pour laisser une marge de manoeuvre dans les cas des réparations, Rachid Adda dénonce les mauvaises pratiques sur le terrain. Selon lui, il y a notamment le fait que certains sous-traitants iraient au plus proche plutôt que de chercher un boîtier libre un peu plus loin, quitte à saturer un boîtier, ou ne préviendraient pas lorsqu’ils ont épuisé la marge de manoeuvre disponible. Celui-ci rapporte aussi une plus grande incidence pour les abonnés au rez-de-chaussée dans le cas des immeubles. Et d’expliquer : “le technicien préfère raccorder l’abonné du 3e à celui du rez-de-chaussée, pour ne pas avoir à monter les étages”. Autre cas : les raccordements lors d’une météo peu clémente. “Certains intervenants, très souvent en hiver, ne cherchent pas à ouvrir une nouvelle ligne depuis l’armoire. Ils se contentent de brancher l’abonné sur un autre abonné… qu’il débranche”, relate-t-il.
Des armoires de rue à remettre en état ou à remplacer
“Une réfection d’armoire, c’est 100 000 euros. Nous en faisons deux par an. Récemment, nous en avons changé trois en six mois dans une même commune”, explique-t-il. Le directeur de Val-d’Oise Numérique évoque en effet le cas des armoires devant être remises en état en raison des nombreuses interventions, voire changées à cause des actes de vandalisme.
Source : La gazette Val d’Oise