Orange, Free, SFR, Bouygues : la fibre optique peine à être déployée équitablement en zones très denses
Fin 2020, 85% des locaux en zones très denses étaient raccordés à la fibre. Certaines métropoles et grandes villes sont significativement en retard.
Les opérateurs tardent à déployer la fibre optique dans les 106 communes des zones très denses. Si le pourcentage global de raccordement est dans l’ensemble satisfaisant, il existe encore de grandes disparités entre certaines villes.
Certes, certaines agglomérations comme Paris ou Lyon affichent un taux de raccordement de 96% ou 95% selon les données de l’Arcep fournies à 01net mais d’autres sont clairement en retard. L’exemple le plus frappant est celui de Lille, dont seulement 46% des locaux sont raccordés malgré son statut de métropole et de préfecture. D’autres cités sont concernées, comme Clermont-Ferrand (55%) ou encore Nancy (63%).
Crédit image : Arcep, 01net
Un problème ne datant pas d’hier
Déjà début mars, l’Arcep déplorait que le bon rythme des opérateurs au niveau du déploiement « ne se traduise toujours pas dans les zones très denses où le rythme insuffisant constaté ces derniers trimestres perdure ». Toutes technologies confondues, 28.6 millions de locaux étaient éligibles au très haut débit en fin d’année 2020, dont 21.7 millions en dehors des zones très denses, avec en tout 24,2 millions de locaux éligibles aux offres FttH, dont 6.3 millions en zones très denses soit 85% des locaux.
Cependant, environ 200 000 locaux en zones très denses dépendent encore des réseaux hertziens spatiaux et n’ont ainsi accès qu’à 8 Mbit/s de débit. D’après l’Arcep, le déploiement de la fibre optique dans l’ensemble des zones très denses prendra encore près de 3 ans, et aucune garantie ne peut être appliquée à ce délai puisque les opérateurs n’ont aucune obligation de complétude dans les zones très denses.
Ce problème est notamment dû à la difficulté de comptabiliser le nombre de locaux dans ces centres urbains évoluant constamment. Une problématique déjà soulevée l’année dernière par l’AVICCA et qui concerne tant les ZTD que les RIP ou les zones AMII.
D’après une étude du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), deux explications peuvent être fournies pour expliquer les disparités de raccordement au sein de ces zones.
Les logements collectifs, plus faciles, rapides et moins chers à fibrer seraient en effet priorisés par les opérateurs, en opposition aux quartiers comprenant des habitations individuelles. Mais une autre hypothèse est plus orientée vers la démographie visée. En comparant le taux de pauvreté de l’Insee et celui de couverture FttH, des corrélations ont été trouvées : « Il apparaît clairement que plus les communes sont pauvres, moins les opérateurs ont déployé le réseau FttH dans leur territoire » affirmait alors le Cerema.
Laure de la Raudière, présidente de l’Arcep est consciente du problème et le déplore. Lors d’une audition auprès des Sénateurs, elle a appelé les politiques à faire pression, mais affirme que “l’Arcep n’a pas vraiment le moyen de pouvoir agir“.