Optimisations, décisions et fidèles : les clés de Xavier Niel pour gérer son vaste empire
Xavier Niel est à la tête d’un immense empire allant bien au-delà de Free et des télécoms. Le milliardaire de 53 ans a d’ailleurs sa façon bien à lui de le gérer. Elle repose notamment sur la fidélité de ses collaborateurs et partenaires.
L’empire de Xavier Niel, le papa de Free, est vaste et continue de s’étendre tout en se diversifiant au-delà des télécoms, avec comme récents exemples en date des investissements dans les secteurs de l’agriculture, de la restauration, de la presse hippique ou de la viande végétale. Malgré la complexité, la machine est d’ailleurs bien huilée, comme le montrent nos confrères de Capital.
Optimiser
Dans une vie aussi remplie, pas question de perdre du temps. Exemple parlant, lors d’une rencontre d’affaires au restaurant, Xavier Niel ne tergiverse pas devant le menu et se contente de prendre la même chose que son invité. Dans un autre registre, il se simplifie l’existence en alternant entre deux uniformes : jean et t-shirt ou costume et chemise. On le sait également, le papa de Free gère lui-même ses 2 000 e-mails quotidiens. Un serveur avec des filtres adaptés (perso, Free, presse, etc.) lui assure d’ailleurs une gestion plus efficace.
Cette volonté d’optimisation se retrouve également dans les déplacements. Xavier Niel peut aussi bien opter pour un taxi que pour la trottinette, en fonction du choix apparaissant le plus pratique à ce moment-là. Elle s’illustre également dans une présentation en public comme celle pour le lancement de la Freebox Pop en juillet 2020, “réécrit 40 fois et répété quotidiennement pendant une semaine”, explique la directrice marketing de Free Camille Perrin.
Aller au front et prendre des décisions
Xavier Niel n’hésite par ailleurs pas à mouiller le maillot, que ce soit pour le lancement de la 5G avec la vidéo où il se prend un seau d’eau sur la tête, mais également pour aller à la rencontre des développeurs au cinquième étage afin de signaler un bug technique.
Cet aspect s’est également retrouvé dans sa colère face à Éric Fottorino, ex-directeur du Monde, traité de “parasite” avant d’être poussé vers la sortie, ou dans sa fronde menée contre le gestionnaire de baux commerciaux Unibail avec l’enchaînement des appels aux investisseurs et des interviews assassines. Alain Minc, conseiller sur le dossier Unibail, souligne d’ailleurs ce qui apparait comme un “premier raid” au cours duquel il “semble s’être beaucoup amusé”.
Pour être réactif, Xavier Niel se laisse de la place. “Xavier s’oblige à laisser une grande part de son agenda ouvert, ça lui permet de s’adapter et de rester disponible. Il se déplace partout, il a besoin de sentir les choses, de discuter”, explique Matthieu Pigasse, l’un de ses associés de longue date dans les affaires.
Une armée de fidèles collaborateurs et partenaires
Pour l’aider dans son quotidien, Xavier Niel peut compter sur une armée de fidèles, comme Thomas Renaud, l’actuel directeur général, présent dans le groupe depuis 14 ans. L’exemple le plus parlant reste sa secrétaire Agnès Quinchon, à ses côtés depuis l’époque des services minitel rose il y a plus de 30 ans. L’homme fort de Free sait également faire revenir une personne dans sa sphère après un désaccord. Exemple : le directeur général démissionnaire Michaël Boukobza Golan parti en Israël, rapidement revenu lorsqu’il a été sollicité. Il peut enfin compter sur ses partenaires récurrents lorsqu’il s’agit d’investir. On peut citer Mathieu Pigasse, dans le domaine des médias et contenus, ou la famille Pariente, dans le domaine de l’immobilier.
Xavier Niel pense en outre à renouveler sa sphère de collaborateurs et partenaires. Il a ainsi demandé à un chasseur de têtes de chercher les profils pour la gestion de sa société HoldCo qu’il détient à 100 % et représente la moitié du capital d’Iliad. Mi-2020, son choix s’est ainsi porté sur Aude Durand, assez compétente du fait de son parcours (Stanford), mais pas trop formatée non plus (28 ans).
En termes de management, Xavier Niel donne de la liberté, mais attend des résultats et n’hésite pas à le rappeler. “L’obligation de résultat et un investissement total sont les contreparties logiques de l’indépendance qu’il nous laisse”, explique Louis Dreyfus
Un modèle
Le milliardaire de 53 ans fait figure d’exemple aux yeux de certains. “Tout le monde lui reconnaît un rôle de modèle”, rappelle Nicolas Dufourcq, à la tête de Bpifrance.
Source : Capital (version papier)