La filière fibre optique continue de cravacher pour raccorder tout le pays dans les temps. Mais son regard se porte aussi à l’international pour vendre le savoir-faire à la française une fois le vaste chantier terminé.
Ils sont 21 000 à être au charbon pour fibrer la France à tour de bras et permettre une disponibilité pour 100 % de la population à l’horizon 2025. Mais après, une fois ce grand chantier terminé ? C’est la question que l’on peut naturellement se poser. À ce sujet, Étienne Dugas, président d’InfraNum, fédération regroupant les acteurs de la filière haut débit, ne tourne pas autour du pot : “À la fin, il y aura de la casse sociale, dire le contraire serait mentir”.
L’heure est donc à la réflexion pour trouver une solution de reclassement. La maintenance et le raccordement des foyers ne suffiront en effet pas. “Il faut donc trouver des débouchés hors de France si on veut éviter un choc brutal”, explique Stéphane Lelux, président fondateur du cabinet de conseil Tactis. Les regards se tournent en effet vers les pays voisins tels que le Royaume-Uni et l’Allemagne où la fibre optique est moins déployée et auxquels il serait possible de vendre le savoir-faire à la française. “Le Royaume-Uni, c’est la France de 2012. Il y a une vraie frénésie. Les règles sont assez claires, le régulateur est plutôt en retrait, et les opérateurs télécoms ont de l’appétit”, souligne un industriel. “Il y a du boulot pour quinze ans en Allemagne. Dans les deux prochaines années, le pays va connaître un gros coup d’accélérateur, comme en France en 2014”, indique Jacques de Heere, le président d’Acome, société normande fabriquant de la fibre optique et en fournissant déjà à Deutsche Telekom.
Mais pour y faire quoi ? “L’idée n’est pas de demander à des salariés français d’aller creuser des trous”, précise Stéphane Lelux. Au-delà de la matière première, il s’agit en effet de vendre les compétences en matière de conception, d’exploitation et de maintenance. “C’est là qu’est le coeur de la valeur ajoutée”, indique-t-il.
En juillet 2020, la fédération InfraNum avait présenté un plan de financement à 11 milliards d’euros pour relancer la filière. Il s’agissait par ailleurs de soutenir l’export des produits français hors Europe (Afrique, Francophonie), mais aussi du savoir-faire en matière d’infrastructures numériques et de solutions pour une “ville durable connectée à la française”. Plus concrètement, Infranum souhaitait mobiliser des financements nationaux et européens pour permettre aux industriels de monter des projets clé en main en matière d’infrastructures numériques (fibre, radio, datacenter).
Source : Les Echos
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