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Categories : Actualités télécom

Sébastien Soriano quitte l’Arcep, mais a encore des choses à dire sur la 5G

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Sébastien Soriano dresse le bilan de son passage à la tête de l’Arcep. Il évoque notamment les complications inattendues autour de la 5G, synonymes de la nécessité de changer de modèle.

Un bilan positif dans l’ensemble, mais. Alors qu’il termine son mandat à la tête de l’Arcep et s’apprête à rejoindre l’Institut national de l’information géographique et forestière le 4 janvier 2021, Sébastien Soriano est revenu, lors d’une entrevue accordée à la Gazette des Communes, sur ses réussites et échecs en tant que gendarme des télécoms. Il y va également de recommandations pour la suite.

Le rejet inattendu de la 5G

“Ce qui a été moins réussi, c’est l’appropriation de la 5G“, conçoit Sébastien Soriano, rappelant qu’“un certain mouvement de rejet s’est exprimé vis-à-vis de cette technologie”. Si le but est d’offrir toujours plus de moyens de communication aux concitoyens, “il y a désormais une forme de lassitude des Français à l’égard des progrès technologiques, qui ne sont plus nécessairement vus comme positifs par défaut”, explique-t-il.

Sauf que le gendarme des télécoms ne s’attendait pas forcément à voir la 5G cristalliser tout le scepticisme. “Personne n’a su l’anticiper, ni l’État, ni les collectivités locales, ni les opérateurs, ni d’ailleurs la société civile”, note Sébastien Soriano. “C’est un enseignement pour l’avenir : les progrès technologiques n’ont plus rien de l’évidence et il faut travailler très en amont sur la bonne association de nos concitoyens à ces évolutions”, estime-t-il.

Dans ce contexte de défiance, Sébastien Soriano remercie par ailleurs les opérateurs d’avoir suivi les recommandations du régulateur en ne passant pas en force auprès des communes freinant le mouvement. Le gendarme des télécoms préfère d’ailleurs voir le verre à moitié plein plutôt que le verre à moitié vide. “Grâce aux collectivités locales, on est en train de recréer de la prise de décision collective”, selon lui.

Une plus grande pluralité des acteurs

“Une des clefs d’une meilleure appropriation, c’est que la technologie peut être portée par des communautés plus larges”, estime Sébastien Soriano, en rappelant l’exemple de la fibre optique portée par une pluralité d’acteurs et celui de la 4G où le maire est mis dans la boucle dans le cadre du dispositif de couverture ciblée, se retrouvant ainsi “le chef de file de l’arrivée du réseau mobile sur les territoires”. Le patron des télécoms explique par ailleurs que le New Deal Mobile a désormais atteint sa vitesse de croisière grâce à un autre aspect, celui d’un “changement de posture de la part de l’État” mettant fin à des “injonctions contradictoires entre deux objectifs assez peu conciliables : vouloir beaucoup d’argent lors des attributions de fréquences et vouloir une large couverture du territoire”.

Dans la pluralité des acteurs se trouve d’ailleurs peut-être la clé de la 5G et, par extension, celle des futures évolutions technologiques. “Peut-être que c’est ce qui a manqué à la 5G. Elle est trop centralisée entre les grands constructeurs et des grands opérateurs. Il aurait fallu pouvoir associer des communautés qui puissent proposer des réseaux associatifs, autoriser un usage plus important des fréquences libres… Intégrer des communautés ouvertes est important pour l’avenir du secteur. Il faut une institution du commun, quelque chose qui soit construit dans un collectif. Même s’il y a une consolidation du secteur autour de grands acteurs, ça ne doit pas faire oublier qu’il faut travailler avec un large écosystème”, explique en effet Sébastien Soriano.

Tout en soulignant qu’il s’agit là d’une vision personnelle n’engageant pas l’Arcep, Sébastien Soriano estime que l’enjeu est de “rassembler la stratégie et l’exécution et d’éviter qu’il y ait quelque chose qui se décide loin des gens et soit ensuite imposé”. Et d’ajouter : “tant que l’on continuera à séparer la décision de son exécution, on continuera à créer des déceptions, des frustrations et à alimenter des théories du complot”. Selon lui, “la doctrine de l’État stratège arrive en fin de course. Elle s’est cristallisée dans les années 1990 et voulait désynchroniser la stratégie et sa mise en oeuvre, avec les agences ou les indicateurs de performance”. Jugeant ce modèle à l’origine de nombreux dysfonctionnements actuels, Sébastien Soriano en propose un autre : “un État en réseau, qui agit de manière partenariale au lieu d’être centré sur lui-même. Il s’agit de construire des alliances avec les acteurs des territoires, les acteurs économiques et plus largement la multitude, c’est-à-dire les citoyens prêts à se mobiliser”. D’après le gendarme des télécoms, il faudrait en finir avec “l’idée qu’il y aurait d’un côté la tête et de l’autre côté les jambes“. La solution consisterait à développer autant le “faire ensemble” que le “décider ensemble” illustré par les concertations citoyennes afin d’arriver à “moins de décalage entre la concertation et l’action”.

Un bond de l’investissement dans le secteur des télécoms

Au-delà des embûches rencontrées avec la 5G, Sébastien Soriano affiche une certaine satisfaction concernant les chantiers de la fibre optique et de la 4G, grâce à “l’explosion de l’investissement” au cours des dernières années. “Le niveau de l’investissement dans le secteur a bondi de 50 % en cinq ans, en passant de 7 milliards à 10,5 milliards d’euros”, indique-t-il.

Pour Sébastien Soriano, il ne s’agissait pas d’avoir une forte concurrence au détriment des investissements. “L’on avait réussi à faire du secteur des télécoms un marché très concurrentiel avec des prix très attractifs pour les consommateurs pour le fixe ou le mobile. Mais cela pouvait se faire potentiellement au détriment de la couverture des territoires. Je me suis beaucoup attaché à envoyer des incitations et à responsabiliser les opérateurs pour relancer les investissements”, explique-t-il. Et de faire parler les chiffres, en estimant avoir “réveillé le secteur dans sa capacité d’équipement du pays”  : 5 millions de nouvelles prises fibre en 2020 et “76 % du territoire couvert en 4G par les quatre opérateurs en 2020, contre 45 % en janvier 2018″ .

Source : La Gazette des communes

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox

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Dimitri Tamion

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