Décrié sur sa stratégie autour de l’utilisation de la bande 700 MHz sur la 5G, Free est pointé du doigt à l’heure où le débat entre “vraie” et “fausse” 5G n’a pas vraiment lieu d’être. L’opérateur de Xavier Niel propose-t-il un réseau low-cost ou une “5G logo” par rapport à ses rivaux ? Explications.
Plein de malice, SFR doit s’en frotter les mains. En juin dernier, son directeur général, Grégory Rabuel a lancé les hostilités après avoir pris connaissance de la volonté de Free d’user de la fréquence dite en or 700 MHz pour faire de la 5G. “Moi ce que je souhaite, et on en rediscutera avec les pouvoirs publics, (c’est qu’il) y ait bien une clarification entre c’est quoi la vraie 5G qui apporte une valeur ajoutée. Et puis c’est quoi entre guillemets la fausse 5G qui pourrait, elle, être juste finalement un effet d’affichage et de marketing. Dans ce cas-là, il ne faut pas mentir aux Français”.
Depuis, la toile et la presse ne cessent d’utiliser ces qualificatifs, souvent au détriment de l’opérateur de Xavier Niel, en oubliant presque que la 5G lancée par les opérateurs reposera quoi qu’il arrive sur un coeur de réseau 4G jusqu’en 2023. La 5G commencera à tenir ses promesses lorsqu’elle sera autonome, puis viendra la bande 26 GHz si les études menées ne révèlent aucun risque sanitaire. Celle-ci apportera véritablement un fort gain en matière de débits. La nouvelle génération de téléphonie n’est pour l’heure qu’une simple évolution de sa grande soeur, lancée pour la désaturer. La révolution des usages, des débits et de la latence arrivera plus tard.
Pour sa part, l’ANFR met aujourd’hui les points sur les i. La bande de fréquences 700 MHz utilisée par Free sur quelques 5000 sites car largement déployée par l’opérateur, n’est aucunement de la fausse 5G, ni la bande 2100 MHz dont se servent Orange, Bouygues Telecom et SFR.
Il faut le rappeler, les fréquences basses ont des propriétés plus intéressantes que celles dites hautes en matière de portée et de pénétration dans les bâtiments. C’est surtout une solution toute trouvée pour couvrir rapidement le territoire, avec des débits certes beaucoup plus faibles que la bande “coeur 5G” 3,5 GHz acquise par les telcos récemment. D’où l’importance de faire le distinguo en matière de qualité et de débits sur les cartes de couverture de chacun. L’UFC-Que Choisir a d’ailleurs mis en demeure les opérateurs à ce propos.
Présentée comme pionnière par le régulateur lui-même sur la 5G aux côtés de la bande 3,5 GHz, la fréquence 700 MHz est a contrario de la bande 2100 MHz, “harmonisée au niveau européen pour accueillir la 5G et servira à terme au déploiement de la 5G par les opérateurs mobiles”, rappelle l’Agence nationale des fréquences. “Elle offrira une complémentarité en termes de couverture, notamment dans les zones rurales, alors que d’autres bandes, plus hautes dans le spectre hertzien, favoriseront le débit pour les nouveaux usages liés à la 5G”.
Force est aujourd’hui de constater que Free Mobile a pris les devants sur ce plan avec la volonté de proposer une couverture largement supérieure à ses concurrents, il est vrai au détriment des débits. Aujourd’hui, les quatre opérateurs nationaux utilisent ainsi des fréquences basses en complément sur leur réseau 5G, et ce en s’appuyant sur la technologie dite du DSS. Mais problème, le gain en matière de débit peut être limité voire ne pas dépasser celui de la 4G avec le risque de dégrader la qualité de service sur la 4G.
Sur ce point, tous seront confrontés à la réalité du terrain dans les prochains mois. Free pourrait donc essuyer davantage de critiques puisqu’il couvre déjà 40% de la population et que les débits offerts par la bande 700 MHz sont plus faibles par rapport à la 2100 MHz. Free le sait bien et a fait le choix de ne pas valoriser sa 5G en la proposant sans surcoût dans ses offres. Les abonnés auront alors du mal à lui reprocher des débits pas assez rapides dans un premier temps. En revanche, ses rivaux ont tous augmenté leur prix de 5€ lors du lancement de la nouvelle génération de téléphonie mobile, pour un réseau riquiqui et une qualité de service ne tenant pas pour l’heure ses promesses. Deux poids deux mesures.
Il ne faut pas l’oublier, le nerf de la guerre, c’est le déploiement de la bande 3,5 GHz. Et à ce jeu, Orange prend déjà les devants avec 475 sites activés, devant Free Mobile et ses 221 sites en service. Derrière, suivent Bouygues Telecom (115 supports) et SFR (97 sites). Ironie du sort, l’opérateur au carré rouge apparaît ici comme le plus mauvais élève. Si la filiale d’Altice a préféré se revendiquer être le premier à avoir lancé la 5G… reste que le déploiement de son réseau prend déjà du retard sur celui de ses rivaux. Pourtant, “nous avons fait le choix ” de déployer la 5G sur la bande de fréquence 3,5 GHz, a annoncé haut et fort la direction de la l’opérateur en juin dernier, n’hésitant pas à multiplier les coups de communication. La 5G au rabais semble donc changer de camps à en croire le premier observatoire 5G de l’Arcep. De son côté Bouygues Telecom va devoir mettre les bouchées doubles sur le fibrage de ses sites mobiles, sans quoi Orange et Free Mobile pourraient rapidement prendre leur distance.
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