Canal+ sur la TNT, entre menace et demandes, ce n’est pas gagné
Le message est passé. Canal+ rempilera sur la TNT si la réglementation change. Seulement, Bercy n’est pas dans cette optique.
Canal+ préfère l’attaque à la défense. Seul candidat à sa succession sur la TNT, la chaîne cryptée a présenté hier son dossier devant le CSA. L’oral a pris finalement la forme d’une session de doléances. Sans ambages, Maxime Saada, président du directoire de la filiale de Vivendi a fait savoir que sa fréquence TNT, il n’en veut pas vraiment en l’état. Sa candidature est seulement motivée par sa volonté de montrer “son ancrage” en France. C’est aujourd’hui officiel, Canal+ postule sous conditions et demande un changement de la réglementation et de la fiscalité, avec un retour à un taux de TVA réduit soit un passage de 10% à 5,5%, un partage plus avantageux des droits d’exploitation des séries qu’il finance mais aussi une lutte renforcée et efficace contre le piratage.
Seul hic, le CSA n’a pas le pouvoir de changer la fiscalité. Le conseil supérieur de l’audiovisuel a donc engagé des discussions pour une nouvelle convention. Aucun échange pour le moment avec Bercy qui a bien reçu des demandes de Canal+. L’Etat préfère aujourd’hui “dépenser l’argent public pour aider des secteurs sinistrés plutôt que de baisser la TVA”, explique le ministère de l’économie. Il faut aussi dire que baisser la TVA pour Canal+ ferait des émules, en particulier chez Netflix etc…
Reste que Canal+ menace aujourd’hui de retirer sa candidature si l’environnement réglementaire et fiscal n’évolue pas. Pourtant, la filiale de Vivendi a promis dans ses accords avec le cinéma en 2018 de rester sur la TNT dans l’optique de diffuser des films 8 mois après leur sortie en salles contre 10 mois précédemment, rappelle Les Echos.
De son côté, l’Etat a tout intérêt de voir Canal+, premier financeur du cinéma français, renouveler sa fréquence. Sans elle, Vivendi aurait alors la possibilité de céder sa filiale à un groupe extra-européen. Canal+ attend aujourd’hui “une preuve d’amour” des pouvoirs publics, a expliqué Maxime Saada, qui malgré tout le concède, la TNT, il en a encore besoin pour près de 400 000 abonnés. Pour autant, les désavantages à rester sur la télévision numérique terrestre menacent le modèle du groupe. Les coûts de diffusion propres sont extrêmement élevés, 2,5 fois supérieurs à ceux du satellite pour un revenu moyen par abonné inférieur de 30%. Canal+ semble prêt à faire des efforts,mais pas sans contreparties .
Source : Les Echos