Bouygues Telecom saisit le conseil d’Etat et s’attaque à la loi “anti-Huawei”
Bouygues Telecom veut faire annuler la loi restreignant l’utilisation des équipements Huawei dans le cadre de la 5G et monte au front.
Les limitations d’équipements pour la 5G font depuis longtemps grincer les dents l’opérateur de Martin Bouygues. Après avoir demandé à repousser les enchères de la 5G, et avoir menacé l’État de l’attaquer en justice si Huawei était interdit, Bouygues Telecom a , d’après les informations de l’Express décidé de saisir le Conseil d’Etat pour faire annuler l’application d’une loi excluant les équipements chinois pour la 5G.
Cette loi, défendue par le député Eric Bothorel en août 2019, vise à ” préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale de la France dans le cadre de l’exploitation des réseaux radioélectriques mobiles“. C’est notamment elle qui a mis en place les autorisations nécessaires pour utiliser des équipements chinois (comprendre ici, fabriqués par Huawei) sur le territoire Français, et la possibilité pour le Premier ministre d’en refuser l’utilisation ” s’il estime qu’il existe un risque sérieux d’atteinte aux intérêts de la défense et de la sécurité nationale “. Le texte se base notamment sur les soupçons d’espionnage qui pèsent sur Huawei depuis quelques années.
Si cette loi semble viser particulièrement Huawei, le président de la République estime quant à lui qu’il est normal “que sur les parties les plus critiques et les plus stratégiques, nous voulions avoir une solution européenne sécurisée” . L’Etat veut privilégier une politique de souveraineté européenne (avec Nokia et Ericsson)pour le déploiement de la cinquième génération de téléphonie mobile.
Huawei, un point sensible pour Bouygues Telecom
L’opérateur utilise beaucoup d’équipements provenant de la firme de Shenzhen sur son réseau mobile. Et ces limites autour de la 5G lui ont toujours posé problème, puisqu’il compte sur Huawei pour déployer la cinquième génération de téléphonie mobile. S’il a obtenu des autorisations pour déployer la 5G avec les équipements du fabricant, elles sont limitées dans le temps et, en zone très dense, la durée change selon les villes, avec quoiqu’il arrive, l’interdiction de les utiliser après 2028.
D’autant plus que l’Etat a récemment ordonné à l’opérateur de démonter 3000 antennes Huawei dans les zones très denses. Si le coût de cette opération a été jugé “assez raisonnable en terme d’impact financier dans nos résultats opérationnels” par son président, l’opérateur expliquait également négocier une compensation financière avec l’Etat. Il semble qu’il ait également décidé de passer à l’attaque, pour se libérer des contraintes autour du fabricant qui représente une grosse partie de son réseau. L’opérateur n’a pas souhaité faire de commentaires à ce sujet.