Xavier Niel pris dans une guerre judiciaire avec le patron de Molotov qui l’accuse de “tentative d’extorsion”

La vente de Molotov n’a pas été une partie de plaisir et le fondateur de la plateforme de streaming réclame désormais 30 millions d’euros à ses anciens associés.
Le rachat de Molotov par l’américain FuboTV, en novembre 2021, devait être l’aboutissement heureux d’une aventure entrepreneuriale mouvementée. Il s’est transformé en une bataille judiciaire acharnée entre son fondateur, Jean-David Blanc, et ses anciens partenaires, Xavier Niel et le fonds d’investissement Eurazeo.
Valorisée à 164 millions d’euros, la transaction est en grande partie réglée en actions Fubo, à hauteur de 85 %. Mais peu après la finalisation du deal, le cours de l’action Fubo s’effondre, divisé par dix en un an. Résultat : les investisseurs perdent une grande partie de leur mise. Jean-David Blanc, qui détenait 13 % de la société, est aussi durement touché. Le conflit porte sur un accord signé le 19 juillet 2021. Il prévoyait qu’en cas de revente de Molotov, Jean-David Blanc toucherait un intéressement pouvant aller jusqu’à 30 millions d’euros. Or, le jour même, il présente à ses associés une offre de rachat de Fubo. Les investisseurs l’accusent alors de leur avoir dissimulé cette offre pour obtenir l’accord à son avantage.
À la veille de la signature avec Fubo, Niel et Eurazeo exigent que Jean-David Blanc renonce à sa commission, sous peine de faire capoter la vente. Blanc dénonce une « tentative d’extorsion » mais finit par céder, la trésorerie de Molotov étant au plus bas. Un nouvel accord est signé, prévoyant qu’il touche un pourcentage d’une éventuelle plus-value, sans minimum garanti. En 2023, Jean-David Blanc saisit la justice. Il accuse ses anciens associés de l’avoir contraint à renoncer à l’accord initial « sous la menace », dans un contexte de pression financière extrême. Il réclame 30 millions d’euros, affirmant que son consentement a été « vicié ». Pour appuyer ses dires, il produit notamment une lettre du PDG de Fubo, David Gandler, qui affirme que les deux investisseurs ont conditionné la vente au retrait de la commission prévue. Une attitude qu’il qualifie de pression injustifiée.
En 2024, le tribunal de commerce de Paris rejette la demande de Jean-David Blanc. Les juges estiment qu’il n’a pas été victime de coercition et que les difficultés financières de Molotov n’étaient pas exceptionnelles. Ils rappellent que l’entreprise avait déjà connu de telles tensions depuis 2018, et que ses difficultés relèvent de la gestion du fondateur lui-même. Le tribunal refuse également la demande d’Eurazeo, qui réclamait 200 000 euros pour procédure abusive. Le fonds accusait Jean-David Blanc de « fourberie » et d’avoir « dissimulé » certains éléments du dossier. Blanc a fait appel de la décision. Il reste à la tête de Molotov, tandis que l’action Fubo, toujours dépréciée, n’a jamais retrouvé ses niveaux d’avant la vente.
Source : L’Informé