2G/3G : une extinction déjà planifiée, mais qui n’est pas sans risques

2G/3G : une extinction déjà planifiée, mais qui n’est pas sans risques

La Commission supérieure du numérique et des postes (CSNP) s’inquiète d’un plan d’extinction des vieux réseaux mobiles qui n’aurait pas pris en compte toutes les conséquences possibles.

Le démantèlement des réseaux dits “historiques” est déjà bien engagé. Orange prévoit de suspendre son réseau 2G d’ici fin 2025. Bouygues Telecom et SFR suivront un an plus tard. La 3G, quant à elle, sera arrêtée entre 2028 et 2029 pour l’ensemble des opérateurs. Une décision justifiée, selon ces derniers, par l’impossibilité de « continuer à empiler les technologies », comme l’explique une FAQ de la Fédération française des télécoms publiée en mai 2024. Les opérateurs invoquent des raisons techniques, sécuritaires et environnementales pour justifier ce virage.

La CSNP émet cependant de sérieuses réserves sur la manière dont cette transition est pilotée. Dans son avis publié la semaine dernière, elle regrette que « l’ensemble des conséquences de la fermeture des réseaux 2G et 3G pour les usagers – qu’ils soient des particuliers, des entreprises ou des collectivités territoriales – ne semble pas avoir été pris en compte par les opérateurs et les pouvoirs publics ». L’organisme plaide pour un renforcement du pilotage national et alerte sur les incertitudes pesant sur « certaines infrastructures pourtant essentielles », encore largement dépendantes de ces anciennes technologies, y compris dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. Parmi les 13 recommandations émises, la CSNP appelle à l’organisation « au plus tôt » d’une concertation publique réunissant tous les acteurs concernés : opérateurs, collectivités, services de l’État, associations professionnelles, ou encore l’Agence nationale des fréquences (ANFR).

De nombreuses infrastructures s’appuient encore sur la 2G et la 3G : dispositifs médicaux connectés, téléassistance aux personnes âgées, systèmes d’alarme, ascenseurs, services de transport ou encore réseaux d’eau et d’assainissement. « L’enjeu est de garantir que cette transition ne perturbe pas les services essentiels », insiste la CSNP, qui appelle à mener des tests préalables et à mettre en place des mécanismes de surveillance pour éviter tout dysfonctionnement. Les collectivités locales, en particulier, apparaissent comme insuffisamment préparées. « Beaucoup ne semblent pas encore avoir pris la mesure des conséquences de la fin des réseaux 2G et 3G sur leurs infrastructures », note la CSNP, soulignant que les adaptations nécessaires pourraient représenter « plusieurs centaines de millions d’euros » à l’échelle nationale. Face à cet enjeu, la Commission recommande une communication renforcée et neutre, portée par l’État ou l’Arcep, afin de sensibiliser élus, administrations et usagers.

Au-delà des aspects techniques, la fin des réseaux 2G et 3G pourrait aussi peser sur les finances locales via une baisse des recettes issues de l’Impôt forfaitaire sur les entreprises de réseaux (Ifer mobile). Cette taxe, perçue en partie par les collectivités, s’applique aux infrastructures télécoms telles que les antennes relais. Or, la désactivation progressive des équipements 2G et 3G risque de réduire ce revenu, notamment dans les zones rurales où ces réseaux sont encore très présents. La CSNP tempère néanmoins cette perspective : si une baisse des recettes est attendue entre 2028 et 2030, la Direction générale des entreprises estime qu’elles repartiront à la hausse dès 2031, avec la généralisation de la 5G, pour se stabiliser autour de 2034. Mais la Commission s’inquiète d’un déséquilibre budgétaire temporaire et demande une évaluation fiable des pertes attendues, ainsi que des coûts de migration pour les équipements encore dépendants des anciennes technologies.

Source : Maire Info

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox