Les patrons des grands opérateurs télécoms européens poussent tous azimuts pour une réforme profonde, quitte à faire grève
Face à trop de régulation, les plus grands patrons des opérateurs se laissent même aller à imaginer une grève. Une façon de faire pression pour pousser à une réforme longuement attendue.
Les patrons d’Orange, Vodafone et consorts cherchent “un moyen de démontrer à quel point le problème est dur, profond et doit être traité rapidement“, assène Christel Heydemann, alors qu’ils imaginaient il y a quelques semaines un moyen de faire grève pour une réforme en profondeur de la régulation des télécoms. Les grands opérateurs européens ont lancé un nouvel appel à l’action aux vingt-sept États Européens pour agir.
En effet, les ministres des télécoms de l’UE avaient été plus que circonspects face à l’idée d’alléger les règles de concurrence pour favoriser les fusions et la nouvelle Commissaire européenne chargée du Numérique, Henna Virkkunen, affirme qu’un équilibre doit être trouvé entre la compétitivité réclamée par les grands opérateurs du continent et les règles de compétition. Afin d’apaiser les opérateurs, elle annonce ainsi que le Digital Networks Act est prévu pour « stimuler l’investissement en supprimant la paperasserie ».
Le secteur reste prudent, bien qu’il reconnaisse que c’est un bon départ. La Commission a évolué dans son rapport à une réforme de la régulation européenne, elle y était très fermée notamment du fait des risques d’une hausse de prix préjudiciable au pouvoir d’achat des consommateurs. Mais le secteur réclame depuis longtemps une marge de manœuvre pour respecter les objectifs de connectivité du continent, qui devraient coûter environ 200 milliards d’euros d’ici à 2030. D’où la volonté de consolider le marché et de faciliter les fusions, pour que les grands groupes aient davantage de moyens à investir dans le développement des réseaux et ainsi atteindre la 5G et le Gibabit/s pour tous d’ici 2030.
Du côté du financement, il a longtemps été débattu d’une potentielle contribution des géants du net comme Netflix ou Google pour financer le déploiement des réseaux. Et les opérateurs, qui réclament cela régulièrement, ont trouvé un nouvel allié inattendu : Brendan Carr, à la tête du régulateur américain des télécoms. « Il veut, lui aussi, que les géants du numérique payent pour les infrastructures. C’est très bien, on ne pourra plus nous dire que c’est une lubie des Européens » se réjouit en privé un acteur du secteur.
Source : Les Echos