Malgré des avancées notables face au streaming illégal, cela ne pourrait pas suffire. Si l’usage des sites illégaux est en baisse, l’IPTV illégale progresse. Le manque à gagner annuel s’élève à 290 millions d’euros pour le secteur du sport selon l’Arcom. De quoi fragiliser tout un écosystème.
A l’heure où la lutte s’intensifie et les blocages se multiplient, le piratage des contenus sportifs, notamment via les boîtiers IPTV illégaux, représente un manque à gagner annuel estimé à 290 millions d’euros pour le secteur du sport, selon un rapport dévoilé jeudi par l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique). Une menace grandissante qui inquiète clubs, fédérations et même l’État, fortement impactés par ce phénomène.
Lors d’une conférence à Paris, Pauline Combredet-Blassel, directrice générale adjointe de l’Arcom, a précisé que ce montant équivalait à 15 % du marché de la diffusion des contenus sportifs, rapporte l’AFP. Ce déficit affecte non seulement les clubs professionnels, mais aussi les fédérations et le sport amateur, qui dépendent en grande partie des revenus liés aux droits de diffusion.
L’impact du piratage ne s’arrête pas là. L’Arcom estime à 420 millions d’euros la perte annuelle pour les finances publiques en termes de recettes sociales et fiscales. Une situation préoccupante, malgré des avancées dans la lutte contre le streaming illégal.
D’après l’Arcom, l’usage des sites de streaming illégaux a diminué de manière notable, avec une baisse de 18 % du nombre d’utilisateurs en France entre 2023 et 2024. Au cours de l’année 2022, plus de 7 000 sites de streaming ont été bloqués. Cependant, cette tendance à la baisse ne se reflète pas dans l’usage des IPTV illégales. Ces boîtiers connectés, qui permettent d’accéder à des centaines de chaînes pour un abonnement bien inférieur aux offres légales, continuent de gagner du terrain.
Depuis le début de l’année 2024, plus de 1 600 sites liés aux IPTV pirates ont été bloqués, mais cela pourrait ne pas suffire. « La question est de savoir si cela sera suffisant », a reconnu Mme Combredet-Blassel, insistant sur l’ampleur du défi à relever.
Le constat est d’autant plus alarmant pour la Ligue de football professionnel (LFP). Benjamin Morel, directeur général de LFP Media, filiale commerciale de la Ligue, a tiré la sonnette d’alarme : 37 % des spectateurs ayant suivi la Ligue 1 cette saison l’ont fait via des sources illégales, selon une étude menée par Ipsos. Le dernier classico opposant l’Olympique de Marseille au Paris Saint-Germain, en octobre dernier, a particulièrement illustré ce phénomène, avec 55 % des spectateurs ayant recours à des flux non officiels.
Benjamin Morel réfute de manière surprenante l’idée que le coût des abonnements légaux, notamment celui de DAZN, principal diffuseur de la Ligue 1, soit responsable de cette dérive. « Les tarifs ne peuvent en rien justifier le piratage, qui est du vol », a-t-il affirmé. Ce succès des boîtiers illégaux s’explique, selon lui, par leur offre « tout compris », tandis que l’accès légal au football européen nécessite plusieurs abonnements distincts. L’Arcom appelle à une mobilisation accrue contre ces pratiques illégales, considérées comme un enjeu majeur pour la pérennité du sport professionnel et amateur en France.
Source : AFP
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