Face aux pratiques de Valocîme, très contestées dans le milieu des réseaux mobiles, les opérateurs jouent la carte de l’ignorance mais cherchent aussi à limiter son champ d’action.
Depuis plusieurs années déjà, la société Valocime fait l’objet d’inquiétudes de la part du secteur des télécoms. Sa stratégie fait jaser et les opérateurs n’entendent pas se laisser faire.
La société démarche le propriétaire du terrain, peu avant l’expiration du bail en offrant un loyer généralement 30% plus cher. Pourquoi une telle hausse des prix ? Tout simplement pour pouvoir sous-louer au propriétaire du pylône (opérateur ou Towerco) à un prix plus élevé ou encore proposer de racheter l’installation telle quelle. Une pratique assez agressive qui inquiète le monde des télécoms.
Après sept ans d’existence cependant, l’entreprise n’a signé aucun contrat avec un opérateur, malgré ses 3000 baux acquis, dont près de 400 arrivent bientôt à termes : «on ne les voit pas. Pour nous, c’est une forme de chantage que l’on n’accepte pas. Nous continuons à travailler avec nos partenaires classiques» affirme le représentant d’un telco, quand l’autre assène : «Ils ne peuvent pas nous obliger à discuter avec eux». D’autant que les méthodes de démarchage de Valocime sont aussi assez “contestables“, selon Ariel Turpin, président de l’Avicca. “Faire miroiter de gros loyers aux élus en ces temps de vaches maigres est particulièrement séduisant. Mais ce qu’ils découvrent plus tard, c’est que s’il n’y a pas d’opérateurs qui viennent sur leurs tours, les baux peuvent être résiliés, et la mairie se retrouve sans couverture mobile ni loyer” explique-t-il.
Si en surface, les opérateurs ignorent l’acteur pour un quelconque partenariat, la Fédération Française des Télécoms (FFT), entend limiter le pouvoir des entreprises comme Valocîme, vues comme des spéculateurs fonciers.Bien qu’officiellement, la FFT affirme ne pas prendre position sur la restructuration du marché, elle affirme que son inquiétude est portée sur la bonne couverture du territoire, les antennes se trouvant sur les terrains de Valocîme pouvant être désinstallées faute d’accord avec l’opérateur déjà présent.
Deux textes, dont l’un encore en gestation, sont prévus à cet escient. La loi Reen de 2021 et l’article 17 du projet de loi de simplification économique, qui est passé en première lecture au Parlement, renforcent l’obligation pesant sur le preneur de bail à vocation télécoms lors de la création ou le renouvellement de celui-ci. Il est ainsi obligé, sous peine de nullité de contrat, d’informer le maire de sa volonté d’installer un pylône et surtout de détenir un document attestant l’engagement d’un opérateur à l’exploiter. Une idée qui déplaît complètement au patron de Valocîme, jugeant qu’il s’agit d’une atteinte au droit de propriété et promettant qu’il irait jusqu’au Conseil d’État pour contrer le projet.
Source : Le Figaro
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