Livraison de livres : l’astuce d’Amazon qui agace l’État
Amazon joue au chat et à la souris avec les règles sur la livraison des livres, et pour l’instant, le géant du e-commerce mène la danse. La nouvelle stratégie d’Amazon ? Contourner les frais de port imposés en France pour la livraison de livres en offrant une option de retrait gratuit en point relais. Résultat : fini les 3 € de frais de livraison… mais le gouvernement ne compte pas en rester là.
Depuis octobre 2023, une loi impose aux plateformes de vente en ligne un minimum de 3 € de frais de livraison pour les livres neufs. Objectif ? Soutenir les librairies locales et préserver la diversité culturelle en rendant plus équitable la concurrence face aux géants du net. Mais Amazon a trouvé la parade en exploitant un point ambigu de la loi.
Pour Amazon, la solution est simple : proposer la livraison gratuite dans plus de 2 500 points de retrait partout en France. Le retrait en point relais est disponible pour une sélection de lieux, dont une majorité sont situés en zones rurales et petites villes. Argument d’Amazon ? Ces points sont souvent dans des commerces qui vendent des livres, comme les supermarchés, ce qui, selon eux, respecte les exigences de la loi.
Concrètement, sur le site d’Amazon, il suffit d’ajouter un livre au panier et de choisir un point relais pour esquiver les frais de livraison. En revanche, pour une livraison à domicile, les frais restent de rigueur.
La ministre de la Culture monte au créneau
Face à ce contournement, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a réagi en saisissant le Médiateur du livre. La question est désormais d’interprétation légale : est-ce que ce schéma respecte vraiment l’esprit de la loi ? Pendant quatre mois, les discussions devront trancher ce débat, et si elles échouent, l’Autorité de la concurrence pourrait entrer en scène. Mais pendant ce temps, Amazon continue de jouer la carte de la livraison gratuite, laissant aux autres acteurs du secteur l’amère impression d’une partie de poker truquée.
Amazon a déjà tenté une autre voie pour annuler ces frais : la Cour de justice de l’Union européenne. Selon les recommandations du Conseil d’État, une décision de cette instance pourrait rebattre les cartes, avec un potentiel coup dur pour la régulation française.
Source : Télérama