Orange ne pourra pas tenir ses engagements de déploiement de la fibre en zone moyennement dense, et l’Arcep réclame un “geste fort” pour rattraper son retard.
La fibre n’est pas déployée assez vite au goût de l’Arcep dans les villes moyennes et les périphéries de grandes agglomérations. Selon une source de la Tribune proche du dossier, Orange ne pourra pas tenir ses engagements pour cette année, à savoir 92% des logements et locaux professionnels raccordables en zone AMII et le reste “sur demande”. L’opérateur explique, invoquant notamment les difficultés rencontrées lors de la crise du Coronavirus. « On vient d’être arrêté pendant trois mois et demi. En Ile-de-France, c’est 90% du BTP qui s’est arrêté. » explique la source proche du sujet.
Autre raison, Orange impute son retard au changement de référentiel utilisé par le gendarme des télécoms pour compter le nombre de locaux à raccorder à la fibre. Celui-ci a grimpé pour l’opérateur historique de 1.5 millions en zones moyennement denses, ce qui le met dans une position délicate explique la source : « Comment voulez-vous qu’on fasse ce million de logements en plus d’ici le 31 décembre ? » .
Cet argument laisse de marbre le régulateur. Une autre source proche du dossier explique que ce changement n’impacte en rien les engagements d’Orange : ces derniers portaient sur un nombre de communes à couvrir et pas sur un nombre de locaux. D’après lui, le gendarme des télécoms pourrait très bien accuser Orange de ne pas respecter ses obligations.
Ce à quoi Orange rétorque « nous nous sommes engagés à faire 92% d’un nombre de prises calculé sur une base Insee » . L’opérateur historique est même prêt à menacer l’Arcep de se libérer de ses engagements sur la fibre suite à ce changement de paradygme, qui a un “fort impact économique” d’après la source citée par nos confrères.
Des négociations sont en cours entre les deux parties pour trouver une solution à l’amiable, mais cela n’empêche pas Sébastien Soriano, président du régulateur, de réclamer un “geste fort” à l’opérateur, afin qu’il rattrape son retard. La question du problème des “locaux raccordables à la demande” auxquels Orange ne propose pas d’offre internet très haut débit fait débat entre l’opérateur et le gendarme, qui sont en discussions sur le sujet pour trouver un point d’équilibre.
Le décompte des locaux raccordables a toujours été assez flou, notamment du fait que l’Arcep se basait sur les données de l’Insee. Cependant, le gendarme des télécoms intègre depuis peu de nouvelles données dans ses calculs qui permettent une meilleure image de la situation. Pour résumer, auparavant pour estimer le nombre de locaux à raccorder à la fibre, le gendarme des télécoms se basait sur les données de l’INSEE. Auparavant les données de références utilisées était celles d’abord de 2011, puis de 2016 pour les logements et 2017 pour les entreprises. Cette utilisation des données rendait difficile d’estimer le nombre de foyers accordables. Les fichiers IPE, qui sont désormais utilisés, permettent d’étoffer l’open data de l’Arcep et de se rendre compte plus précisément du niveau de complétude du réseau FttH en France.
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