L’astuce du groupe de Patrick Drahi pour justifier les licenciements chez RMC et BFM
Les syndicats pointent du doigt les licenciements annoncés chez BFM et RMC, sachant qu’Altice réalise des bénéfices et distribue des dividendes. Le groupe de Patrick Drahi semble avoir trouvé une parade pour mettre sa filiale dans le rouge.
Le plan social annoncé par NextRadioTV, filiale d’Altice détenant les médias BFM et RMC, et portant sur plusieurs centaines de postes, soit un tiers des effectifs, passe mal aux yeux des syndicats. “Cette coupe drastique est incompréhensible dans un groupe qui réalise des bénéfices, en croissance constante et qui atteignent 120 millions d’euros en 2019, soit + 300 % en 5 ans”, ont-ils dénoncé. Ils ont d’ailleurs voté pour un mouvement de grève.
Comme l’a souligné l’avocat Roger Koskas à nos confrères de Capital, les salariés peuvent attaquer un plan social devant les tribunaux et obtenir des indemnités s’il n’est pas justifié. “D’un point de vue juridique, un licenciement pour motif économique doit être justifié soit par une activité déficitaire, soit par une volonté de maintenir la compétitivité de l’entreprise”, rappelle-t-il. Et d’ajouter qu’un licenciement peut-être considéré comme abusif si la société réalise des profits et amener à “des indemnités pour licenciement sans cause réelle ni sérieuse”.
Sauf que le groupe de Patrick Drahi semble avoir pris les devants en préparant en avril dernier le transfert d’Altice TV vers NextRadioTV au motif d’une simplification dans son organisation, notent nos confrères, se posant ainsi la question d’un “hasard” ou d’une “coïncidence”. Or, cette filiale n’a justement pas réussi à rentabiliser l’ensemble des droits de diffusion acquis (événements sportifs, chaînes et contenus) ni à rentabiliser les contenus qu’elle édite (chaîne de cinéma Altice Studio et service de vidéo-à-la-demande SFR Play). Elle se retrouve ainsi lourdement déficitaire (plusieurs centaines de millions d’euros en 2019). En rejoignant NextRadioTV, elle rendra cette dernière déficitaire, ce qui rendra ainsi plus facile à justifier les licenciements.
Source : Capital