Orange rêve d’un marché unique des télécoms en Europe et est prêt à racheter des opérateurs
Orange défend une consolidation du marché européen pour permettre des investissements massifs et rentables, et n’hésite pas à envisager des acquisitions en ce sens.
La situation du marché des télécoms en Europe ne convient pas à Christel Heydemann, directrice générale d’Orange. Dans une interview pour L’Usine nouvelle, elle milite notamment pour la création de champions européens du numérique en affirmant que le marché “manque de taille critique car il n’y a pas de marché unique en Europe, en particulier dans les télécoms. Il faut un cadre qui ne s’attache pas qu’à l’intérêt du consommateur, mais qui favorise l’investissement.” La directrice générale indique par exemple que les investissements dans les télécoms “ne sont pas rentables”, notamment du fait d’une myriade de régulation qui change selon les pays.
Une difficulté alors que le marché est fragmenté, avec 40 opérateurs européens contre 3 aux États-Unis ou en Chine par exemple. Christel Heydemann cite un exemple actuel : “Telecom Italia : il doit vendre son réseau fixe au fonds américain KKR et le lui louer afin de se désendetter.” Une consolidation qui pourrait aussi être bénéfique en France selon elle, puisque si elle considère qu’un retour à deux opérateurs serait “exagéré“, “ce qui est sûr, c’est qu’avec quatre opérateurs, il y en a toujours un qui va mal et la capacité d’investir des quatre ne fonctionnera pas dans la durée. Le sujet n’est pas tant le nombre d’opérateurs par pays que l’hétérogénéité des régulations en Europe. Cela veut dire aussi une concentration des acteurs.”
Justement, pour concentrer les acteurs, Orange est prêt à réaliser des acquisitions. Déjà deuxième groupe télécom européen, l’opérateur se vante d’être celui qui a “mené le plus d’opérations de consolidation en Europe : en Roumanie, en Belgique, en Espagne… Mais cela ne suffit pas, car il y a encore très peu de synergies européennes sur la régulation des données, l’allocation des spectres, les politiques de concurrence.”