Les opérateurs européens réclament plus de fusions, l’Arcep n’est pas emballée
Alors que la Commission européenne s’inquiète que les investissements dans les réseaux ne soient pas suffisants et que plusieurs opérateurs réclament un assouplissement des règles pour des consolidations, l’Arcep émet plusieurs réserves.
Le déploiement de la fibre et celui de la 5G pourrait “nécessiter un investissement total de 148 milliards d’euros” selon la Commission européenne et la plupart des grands opérateurs européens estiment qu’ils n’y arriveront pas, en tout cas pas sans devenir plus importants via des consolidations sur plusieurs territoires, alors que le Vieux Continent compte une centaine d’opérateurs.
Orange milite régulièrement pour un assouplissement des règles autour de la concurrence afin de faciliter des fusions sur le même territoire et il n’est pas le seul. Des idées qui permettraient ainsi un retour à 3 opérateurs sur plusieurs marchés importants et ainsi de réduire la concurrence dans ces pays. Ce qui permettrait ainsi d’éviter certaines situations délicates où des réglementations ont rendu des fusions moins rentables pour les opérateurs, comme ce fut le cas en Espagne. En effet, la création d’un quatrième opérateur avait été imposée comme condition sine qua non pour fusionner Orange et Masmovil, conservant ainsi une situation très concurrentielle sur le marché hispanique.
La directrice générale de l’opérateur historique pointait récemment du doigt des situations comme la vente du réseau internet fixe de Telecom Italia à KKR ou le fait que Vodafone quitte l’Espagne et l’Italie comme exemple de problèmes liés à la concurrence trop importante. “La consolidation doit devenir possible dans tous les marchés européens” assénait en février dernier la patronne de Vodafone, avec un son de cloche identique chez Timotheus Höttges qui dirige Deutsche Telekom, leader du Vieux Continent.
Mais pour l’Arcep, un changement de régulation européenne ne serait pas vraiment souhaitable. Pour sa présidente, Laure de la Raudière, « la régulation actuelle n’empêche pas les opérateurs d’être dans plusieurs pays européens ». Elle en veut pour preuve la présence d’Orange en Belgique, en Espagne ou encore au Luxembourg ainsi que celle d’Iliad en Italie, en Pologne ou encore en Suède. Pour elle, les problématiques sont très différentes selon le pays, ce qui justifie des régulations qui le sont tout autant. Ainsi, elle n’est pas très confiante dans l’émergence d’un “cadre purement européen qui s’impose à tout le monde “.
Source : La Tribune