Report de la 5G : le Gouvernement est plutôt sceptique
Pour la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher, la France n’a pas intérêt à prendre du retard.
Les déclarations de Martin Bouygues, qui juge que la priorité actuelle n’est pas au lancement de la 5G en France ont fait réagir le monde des télécoms. Si Sébastien Soriano, président de l’Arcep, s’en étonne mais comprend certains arguments, le Gouvernement quant à lui est plutôt réticent à l’idée de repousser les enchères.
Les arguments de Martin Bouygues n’ont “pas totalement convaincu” l’Etat
La secrétaire d’Etat a été interrogée au sujet d’un éventuel report des enchères pour l’attribution du reste des fréquences 5G. Déjà repoussées à juillet ou septembre en raison de la crise du Coronavirus, un report plus loin dans l’année, voire pour l’année prochaine, pourrait être préjudiciable pour la France. C’est lors d’une intervention à l’antenne de BFM Business qu’Agnès Pannier-Runacher a pris exemple sur “ce qu’il s’est passé à l’étranger“, notamment en Chine et en Corée, où la 5G fut un élément “assez important” pour lutter contre le Covid-19. De plus “un certain nombre de pays […] ont accéléré leur déploiement de la 5G parce qu’ils pensent que c’est un élément de réponse à la crise“, notamment pour soutenir la compétitivité des entreprises.
C’est pourquoi la secrétaire d’Etat préconise de faire attention ” à ne pas prendre du retard (sur la 5G) et à ne pas se retrouver dans la situation qu’on a déjà vécue plusieurs fois en France où on va être plus intelligents que tout le monde et à la fin on est surtout en retard sur le reste de la compétition “.
Pour le patron de Bouygues Télécom qui a exprimé son opinion dans une tribune en fin de semaine dernière, “repousser de quelques mois supplémentaires l’attribution des fréquences 5G” serait faire preuve de pragmatisme face à la situation actuelle, à savoir un pays se relevant “avec difficulté d’un terrible cauchemar sanitaire humain et économique”. Pour le PDG de Bouygues, “dans le climat économique d’aujourd’hui, la 5G n’est pas la priorité du pays”. Il invitait ainsi le gouvernement et l’Arcep à prendre cette décision lui apparaissant “de bon sens”.
Ses arguments n’ont pas totalement convaincu le Gouvernement, qui affirme cependant suivre le sujet de très près. Du côté des autres opérateurs Thomas Reynaud, Directeur Général d’Iliad/Free a déclaré que le processus d’attribution des fréquences doit reprendre “au plus tôt”. Selon lui, “un report trop lointain fera prendre du retard à notre pays, ce n’est pas une bonne chose”. Stéphane Richard quant à lui, affirmait qu’Orange était prêt pour un report au mois de juillet ou de septembre.