Orange assure que fibrer 100% des Français est impossible et suscite la critique
Trop coûteux et trop compliqué, le nouveau patron d’Orange France, Jean-François Fallacher, estime que généraliser la fibre partout en France est un rêve. La présidente de l’Arcep le recadre.
« Quand j’ai pris mes fonctions, ce fameux 100% fibre, cela m’a surpris. Je pense que c’est un rêve », le nouveau directeur général d’Orange France a suscité la polémique jeudi dernier lors d’un colloque réunissant toute la filière. Dans sa prise de parole, Jean-François Fallacher a ainsi largement remis en question l’objectif et la promesse d’Emmanuel Macron d’apporter la fibre à tous les foyers hexagonaux à l’horizon 2025. A ses yeux, “on arrive à la fin de ce projet” de déploiement alors que 86% des Français sont actuellement éligibles. S’il félicite le “travail gigantesque” effectué sur les dix dernières années, il n’en reste pas moins que les derniers foyers à raccorder s’avèrent très complexes et très coûteux, plus de 2 millions seraient concernés pour un total de 3 milliards d’euros supplémentaires à injecter. Dès lors, la 5G fixe et le satellite devraient être privilégiés, a-t-il indiqué. Orange lancera d’ailleurs sa première offre satellitaire grand public sous sa propre marque le mois prochain. Il faut donc comprendre que de nombreux locaux n’auront pas la fibre.
Ces propos ont suscité de vives réactions du côté de l’Arcep et de l’AVICCA. Le régulateur par la voie de sa présidente Laure de La Raudière, a dans la foulée mis les points sur les i : « L’objectif politique c’est la généralisation de la fibre » partout en France, et d’ajouter que les technologies alternatives doivent être marginales, elle veillera d’ailleurs au grain.
L’association des collectivités engagées dans le numérique s’est pour sa part montrée consternée. Son président Patrick Chaize, sénateur de l’Ain, a martelé qu’il s’agit d’un enjeu “d’inclusion” qu’il est hors de question de laisser qui que ce soit “au bord du chemin”. Pour Inframum, la fédération des industriels de la fibre donc Orange est membre, l’objectif est toujours le même, le 100% fibre.
Selon La Tribune, la critique du patron d’Orange France sur les objectifs du gouvernement n’est peut-être pas un hasard. En effet, lors de la conférence annuelle Territoires connectés de l’Arcep le 28 septembre, Jean-Noël Barrot ministre délégué en charge du Numérique a indiqué qu’un accord était en discussion avec Orange pour mettre fin au ralentissement des déploiements FTTH en zone AMII.
Grâce à cet accord, Orange ne serait pas sanctionné pour avoir manqué à ses engagements de déploiement dans les villes moyennes et bénéficiera d’un délai supplémentaire pour déployer la fibre, mais devra faire des efforts en contrepartie. Notamment en déployant plus rapidement dans les grandes villes, avec un nombre précis de lignes à y déployer, à travers plusieurs moyens. L’un d’entre eux, assez inédit, serait de proposer une offre de “raccordable à la demande”, qui permet aux clients de demander un raccordement à la fibre dans un délai de 6 mois.
Fin juin, 36.92 millions de foyers étaient raccordables au FTTH mais les déploiements ralentissent selon l’Arcep et l’Avicca, qui ont déjà exprimé des inquiétudes quant à l’objectif de proposer une connexion FttH à 100% de la France en 2025. La faute, selon l’association de collectivités, aux opérateurs privés, notamment Orange qui chercherait d’abord la rentabilité pour déployer la fibre optique, en visant dans un premier temps les zones les plus faciles.