Salto: TF1, M6 et France Télévisions ne pourront pas faire l’impasse sur le genre et la violence pour séduire les jeunes
Face aux grands succès de Netflix comme Stranger Things, The Witcher ou Sex Education, Salto devra couvrir un large panel de contenu s’il veut être attrayant auprès des jeunes.
Contrairement aux chaînes des groupes M6, TF1 et France Télévisions, le service de SVOD ne pourra pas faire l’impasse sur les contenus de genre et présentant de la violence sur sa plateforme. La plateforme réfléchit ainsi à un moyen d’intégrer ce type de contenu sur Salto.
Des contenus non diffusés sur TF1 et consorts, un manque pour Salto
En effet, parmi les grands succès de Netflix on en compte qui présentent des thématiques plus violentes ou plus controversées (comme la sexualité des adolescents avec Sex Education) que les programmes produits et diffusés par TF1, M6 ou les chaînes du groupe France Télévisions. Les chaînes ont choisi de ne pas chercher à diffuser des contenus de ce types, mais ce choix pourrait pénaliser Salto et l’empêcher de devenir populaire auprès des jeunes.
Car ces programmes sont appréciés par une population plus jeune (34 ans en moyenne) et plus connectée, donc plus sensible à la solution de la SVOD que les téléspectateurs plus âgés. Et Salto a tout intérêt à toucher le plus de monde possible. Cette carence doit donc être comblée par Salto qui se retrouve limité par son budget.
En effet, 250 millions d’euros ont été alloués à Salto pour les trois prochaines années et la plateforme doit déjà acquérir une partie du catalogue des trois actionnaires : M6, TF1 et France Télévisions. Deux solutions donc pour la plateforme : acquérir des productions européennes de genre ou participer à des préfinancements. Cependant, ces deux solutions ont des coûts non négligeables, les préfinancements ne verraient des programmes sortir que dix-huit mois après au plus tôt.
Salto a déjà envoyé des acheteurs dans plusieurs pays pour trouver du contenu pouvant correspondre à une audience plus jeune, notamment en Allemagne et en Israël. D’après Alain Le Diberder, auteur de La Nouvelle économie de l’audiovisuel et ancien directeur des programmes de Canal+ , Salto va “d ’abord s’appuyer sur des programmes nationaux de rassemblement, très populaires, et ensuite sur des films et des séries de niche , dont certaines exclusives. Quelques nouveautés par mois peuvent lui suffire. Mais il faudra tenir le rythme, car il s’agit de courir un marathon pour séduire et conserver des abonnés“.
Une stratégie à la Hulu
Comme l’indique l’Express, la plateforme sera semblable au Hulu américain, projet lancé par les principales chaînes américaines en 2007. Et d’après une productrice française “Il leur a fallu dix ans avant d’obtenir des récompenses de la profession. Salto devra donc prendre son temps et surtout, clarifier assez vite les contenus identifiables et différenciants qu’il entend développer“.
La plateforme sera lancée en juin 2020 pour tester avant une ouverture en grande envergure à la rentrée. Il reste à voir si, dans ce milieu très concurrentiel de la SVOD qui compte des géants comme Netflix et Disney+, Salto aura le temps de se développer pour se différencier des autres services et s’il saura attirer une audience plus jeune.