Que pensez-vous de l’arrivée de France Télécom-Orange dans l’univers des contenus ?
Je souhaiterais d’abord que France Télécom assume clairement sa stratégie et appelle un chat un chat. Le groupe va dépenser chaque année dans les contenus des sommes comparables au coût de grille total de M6, tout en s’abritant derrière des discours faussement modestes. France Télécom a dit et répété ne pas vouloir devenir un éditeur de contenus, ne pas vouloir diffuser de matchs de foot en direct… Maintenant, on nous explique qu’il s’agit de dépenses « microscopiques », d’une légère réallocation de dépenses commerciales ! La réalité, c’est que France Télécom devient un groupe de télévision. Il doit accepter que les règles du jeu soient les mêmes pour tous.
Concrètement, que demandez-vous ?
Outre la clarté dans le discours, il faudrait aussi une clarté dans les comptes. C’est le seul moyen d’éviter des subventions croisées entre les contenus et les activités fixes et mobiles – où France Télécom est en position dominante. Il faut que les activités contenus de l’opérateur soient filialisées sans délai et que ces comptes soient audités et publiés. Ensuite, il faut que Orange TV soit soumis aux mêmes règles que les autres chaînes de télévision, qui supportent de lourdes obligations. Il serait étonnant que France Télécom y échappe, au prétexte que ses chaînes sont diffusées via une technologie nouvelle, l’ADSL ou le mobile. Les règles doivent être les mêmes, quels que soient les réseaux de diffusion (lire ci-dessous).
Quel bilan tirez-vous de la concurrence dans les télécoms fixes ?
Il est plus que préoccupant. Sur la quinzaine d’entrepreneurs au départ, il ne reste plus que deux nouveaux entrants dans l’ADSL. Aucun des autres n’a pu survivre. Surtout, France Télécom accapare 85 % de la marge générée, ne laissant que 15 % à ses deux concurrents. Comment peuvent-ils investir dans ces conditions ? Les comptes du dégroupage récemment publiés par l’opérateur historique montrent qu’il fait plus de marge avec cette simple activité de revente que les opérateurs alternatifs avec leur propre service. Quand nous développons de nouveaux services, c’est donc France Télécom qui s’enrichit. Les investissements de SFR dans la fibre optique – 450 millions d’euros sur trois ans – ne pourront être que limités. Au moment où le gouvernement envisage le très haut débit pour tous, il est clair que les opérateurs alternatifs n’ont pas les moyens d’y répondre massivement.
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