“Tous les opérateurs y compris Free ont réduit leurs promotions depuis un an”, Bouygues Telecom défend comme il peut sa stratégie de hausse des prix
Défendre coûte que coûte sa stratégie même si elle déplaît, le directeur général de Bouygues Telecom ne perçoit pas vraiment de lien de causalité entre l’augmentation de ses tarifs sur le mobile et ses recrutements divisés par 3.
A l’heure où les opérateurs, sauf Free Mobile, ont augmenté le prix de leurs forfaits mobile, les premiers effets négatifs se font ressentir dans leurs performances commerciales. Seulement 3000 nouveaux abonnés recrutés sur les trois premiers mois de l’année par Orange, 27 000 par Bouygues et une perte inquiétante de 100 000 clients chez SFR. De son côté, Free Mobile et sa stratégie de bloquer ses prix jusqu’en 2027, prend les devants avec 172 000 nouveaux forfaits.
Dans une interview accordée à Capital, le directeur général de Bouygues Telecom a sans surprise une toute autre lecture des résultats mitigés de l’opérateur dont les recrutements ont été divisé par 3 par rapport au quatrième trimestre 2022.
“Il faut signaler que la séquence actuelle est assez inédite : d’ordinaire, le nombre de forfaits augmente de 1 million à 1,5 million par an, sur les 60 millions activés. Il y a toujours de nouveaux clients qui s’équipent, comme les adolescents. Mais cette croissance a marqué le pas au premier trimestre, puisque, selon l’Arcep, le nombre de nouveaux abonnés a atteint 124 000, contre 439 000 pour la même période l’an passé. Cette progression a donc été divisée pratiquement par quatre, sûrement sous l’effet de l’inflation, qui a rendu les consommateurs plus attentistes. Nous avons pris un peu plus de 20% de ces nouveaux abonnés. C’est notre part de marché habituelle.” Il est certain que le pouvoir d’achat des ménages est en berne à cause de l’inflation, mais augmenter le prix des abonnements télécoms dans ce contexte et sous couvert de la hausse des prix de l’énergie, ce n’est pas en rajouter une couche ?
Sans dévoiler l’évolution du taux de résiliation sur son activité mobile, Benoît Torloting refuse d’admettre que les hausses de prix opérées ont dissuadé les clients : “Nous avons augmenté de 1 à 2 euros nos forfaits, en étant le plus transparent possible avec nos clients. Nous disposons d’une large gamme de forfaits, et ils peuvent, s’ils le souhaitent, souscrire une offre avec moins de data.” Pour justifier ces hausses, l’opérateur évoque l’augmentation de 20 à 30% du trafic par an, “cela nécessite de rajouter de nouvelles antennes, des équipements aux antennes existantes, ou des fréquences. Nous y consacrons 1,5 milliard d’euros par an. A cet effort s’ajoutent, depuis un an et demi, des éléments d’inflation sur nos coûts, sur l’énergie, les box qu’on achète, les équipements radio ou la main-d’œuvre”.
“Tous les acteurs, y compris Free, ont réduit leurs promotions depuis un an”
Mais comment a fait Free Mobile pour ne pas augmenter ses prix tout en étant plus que rentable ? Le directeur de Bouygues Telecom ne semble pas avoir la réponse et préfère malgré tout mettre tout le monde dans le même panier : “Ce que je peux dire, c’est que tous les acteurs, y compris Free, ont réduit leurs promotions depuis un an, et les ont rendues moins agressives sur le mobile comme sur le fixe. Dans son observatoire du marché, l’Arcep note d’ailleurs pour 2022 une hausse des prix de 0,7% dans le mobile, et de 1,2% dans le fixe. De notre côté, nous restons très compétitifs, malgré nos ajustements de tarifs. Et rappelons qu’en France les prix des forfaits sont parmi les moins chers d’Europe et de tous les pays occidentaux. Sans avoir la qualité de service la plus basse”. Ce n’est cependant pas grâce à l’opérateur que les prix sont si bas.