Christel Heydemann, la nouvelle directrice générale d’Orange, s’est exprimée lors du MWC de Barcelone sur le sujet sensible de la contribution des opérateurs au développement des réseaux en Europe.
Entre discours alarmiste et franc-parler, l’opérateur historique n’y va pas de main morte. Le plus grand salon des télécoms du monde a été le théâtre aujourd’hui d’une déclaration des grands opérateurs européens, dont Orange, qui remettent sur le tapis le sujet du “Fair Share”, le projet visant à créer une contribution financière des géants du net dans le financement des réseaux.
Christel Heydemann annonçait ainsi dans la conférence d’ouverture que selon une étude, “46 % des PDG dans les télécoms pensent que leurs entreprises ne vivront pas une décennie de plus”. Cela est dû en partie aux “15 milliards d’euros par an” investis à cause du poids des plateformes sur les réseaux, alors que le secteur s’acquitte déjà de 56 milliards d’euros d’investissement pour les réseaux dans l’Union Européenne.
D’autant plus que les opérateurs sont soumis à des objectifs fixés par la Commission européenne, qui entend garantir un débit à un Gb/s partout sur le vieux continent. « L’Europe a besoin d’une impulsion beaucoup plus importante pour atteindre ces objectifs, et cette impulsion doit être appliquée à l’ensemble de l’écosystème numérique, pas seulement aux opérateurs » affirme la directrice générale d’Orange, critiquant par l’occasion une régulation “périmée”. Elle suggère plus précisément la mise en place de contrats de gros signés avec les plateformes plutôt qu’une “taxe”.
Le PDG de Telefonica, bien que plus mesuré, faisait le même constat en réclamant “un écosystème bien plus équilibré“, face à un risque de multiplication par 24 du trafic d’ici 2030. La période est particulièrement propice à aborder le sujet alors que Bruxelles a lancé la semaine dernière une consultation publique sur l’avenir des infrastructures télécoms, qui aborde entre autre ce sujet. Thierry Breton, commissaire européen et ex-patron de France Télécom rappelle que le débat n’est pas tranché.
Google et les autres géants, pour leur part, assurent déjà participer à la construction des réseaux, à travers par exemple le co-financement des câbles sous-marins de fibre optique et l’établissement de datacenters. Des efforts cependant jugés insuffisants par les opérateurs, qui ont augmenté leurs dépenses d’investissement dans les infrastructures de 32% sur les quatre dernières années, sans que leurs recettes n’augmentent, contrairement à celles de Netflix, Google et consorts.
Source : Les Echos
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