Pour Ericsson, une stratégie reposant sur le contrôle poussé des équipements pourrait retarder le déploiement de la 5G en Europe et engendrer des coûts supplémentaires pour les opérateurs télécoms. Selon l’équipementier télécoms suédois, il ne faut pas non plus attendre que les usages soient là pour pousser la technologie.
Lors d’une interview accordée à l’AFP, Börje Ekholm a abordé le sujet de la 5G dont les premières offres commerciales doivent pour rappel arriver en France dans le courant de l’été 2020. Le PDG de l’équipementier télécoms suédois, qui a d’ailleurs annoncé l’ouverture d’un pôle R&D en France, craint un retard pour le déploiement de la 5G en Europe.
Pour lui, le choix de tester chaque équipement et chaque logiciel va entraîner des “coûts supplémentaires” et se traduire par un “déploiement plus lent”. Il explique cela de la façon suivante : “Nous téléchargeons continuellement de nouveaux logiciels sur les équipements, de sécurité ou avec de nouvelles fonctionnalités. Si chaque téléchargement doit être testé après développement, il faudra énormément de temps pour les mettre en place”. Concernant la justification de la sécurité, Börje Ekholm souligne par ailleurs que la 5G a été pensée “avec la sécurité à l’esprit”, ce qui “n’était pas le cas pour la 4G”. Pour lui, “assurer l’intégrité d’un réseau en testant chaque équipement est virtuellement impossible” et revient à “isoler une part du problème”. La sécurité des réseaux va au-delà des seuls équipements.
Selon Börje Ekholm, prendre le risque d’être en retard sur la 5G, c’est prendre celui de laisser d’autres découvrir et développer les usages qui reposeront sur cette connectivité. Il cite l’exemple du géant du streaming audio Spotify qui est né en Suède, un pays qui n’était pas en retard sur la 4G. Le streaming audio avait plus de sens sur un smartphone que sur un ordinateur, et il a été permis grâce à la 4G. Il rappelle également que la Chine et les États-Unis ont été “les pays qui ont déployé rapidement la 4G” et “qui dominent le marché applicatif” aujourd’hui. Il cite le cas d’Uber qui n’est pas apprécié de tous, mais qui a “révolutionné la manière de faire appel à une voiture”. Il cite aussi les “les réseaux sociaux, Instagram, Twitter ou LinkedIn”, dont le développement a été accéléré par les technologies mobiles. “Si on attend aujourd’hui que les cas d’usage existent pour déployer la 5G, alors ces cas d’usage seront inventés ailleurs. Lorsque vous regardez où la valeur se crée, cela se fait aujourd’hui au-dessus des réseaux, les entreprises applicatives valent nettement plus que celles disposant des réseaux“, résume-t-il.
Selon lui, on ne peut anticiper “quelle sera la killer app de la 5G“. “Lorsque la 4G a été lancée, bien peu ont pensé à la vidéo en flux continu, que les téléphones portables seraient au coeur de vos transactions financières ou du commerce en ligne. Il y a 10 ans, nous n’en avions aucune idée”, souligne-t-il.
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