Le déploiement de la 5G en France sera l’un des plus gros enjeux de l’année pour les opérateurs télécoms, et l’inconnue Huawei pèse dans la balance. Face aux plaintes des opérateurs sur la lenteur d’attribution des autorisations d’équipements, l’ANSSI annonce que des premières autorisations (ou refus) seront délivrées en février.
Cette année doit être celle du déploiement des équipements 5G en France et d’un réseau complet sur au moins deux villes pour chaque opérateur d’après le cahier des charges fixé par l’ARCEP. Mais il reste encore la question des équipements et de la fiabilité des fournisseurs au niveau de la sécurité, notamment Huawei, qui est en ce moment en pleine tourmente à cause de ses liens supposés avec l’état chinois.
Orange, Free, Bouygues Telecom et SFR sont désormais au parfum concernant les équipements qu’ils pourront utiliser pour le déploiement de leurs réseaux 5G. Le secteur est obligé aujourd’hui d’obtenir au préalable une autorisation auprès de l’ANSSI. L’agence nationale de la sécurité et des systèmes d’information dispose de deux mois pour donner une réponse. Passé ce délais, celle-ci sera considérée comme négative. Et si Bouygues ou SFR sont montés au créneau en exprimant leurs craintes de devoir se passer de Huawei, l’ANSSI affirme qu’ils seront bientôt fixés.
Dans une interview pour nos confrères des Echos, Guillaume Poupard, le directeur général de l’agence, affirme que les premières autorisations (ou refus) seront délivrées en février. Il explique également la raison de la présence de cette procédure : ” Nous savons très bien que si nous laissons les opérateurs tout faire seuls, les questions de sécurité et de souveraineté ne seront pas prises en compte. Il faut ce troisième acteur, l’Etat, pour porter au juste niveau ces questions de souveraineté. C’est aussi la raison pour laquelle les opérateurs français doivent demander des autorisations à l’Anssi sur leurs choix d’équipementiers, pour déployer leurs antennes. “. Pour le directeur général, “il ne faut pas trop en demander” aux opérateurs concernant la sécurité et ce n’est pas un problème de confiance s’il leur est demandé de faire une demande. Il s’agit surtout de penser au long terme, dans un soucis de rééquilibrer les choses pour l’Etat entre le court terme et l’avenir plus lointain.
Guillaume Poupard explique ainsi qu’il comprend le stress sous lequel sont les opérateurs, mais reste ferme : ” Evidemment qu’ils sont stressés et on n’est pas là pour rajouter du stress, on est là pour la sécurité. On a deux mois pour répondre à partir du dépôt du dossier complet. “. Quant aux délais de procédure et aux précisions demandées, il explique cela par un oubli de “remplir des cases, on n’est pas méchant, on les aide à remplir leur dossier”.
Si l’ANSSI se veut donc rassurante et pédagogue, rappelons que pour certains opérateurs français comme Bouygues ou SFR, devoir se passer de Huawei en tant qu’équipementier serait très difficile. S’ils n’obtiennent pas d’autorisation de passer par Huawei, tous deux seraient dans l’obligation de remplacer leurs antennes 3G et 4G pour des raisons de compatibilité. De même, leur réseau serait par conséquent impacté pendant de nombreux mois et les abonnés pourraient filer à la concurrence. Sans Huawei, le coût du déploiement de la 5G en France augmenterait de 8 % à 29 % au cours des 10 prochaines années, chiffre le quotidien. Un coup dur pour ces deux opérateurs, à l’aube d’une nouvelle génération et après tant d’investissement dans la 5G. Pour calmer ces craintes, Guillaume Poupard rappelle que les autorisations peuvent durer 8 ans au maximum et que ” Dire à un opérateur du jour au lendemain, vous ne pourrez plus utiliser tel équipementier, c’est très dur pour lui, on ne peut pas leur faire cela. Mais en même temps, cela ne peut pas être une faiblesse à l’infini, car cela ne sont pas des solutions ad vitam aeternam. On va trouver un bon équilibre.” Et si cette situation peut tout de même paraître difficile (choisir un équipementier puis devoir s’en séparer moins de dix ans plus tard), l’ANSSI veut rester ferme : ” Ca c’est le problème des opérateurs télécoms. A eux de faire leur choix et de gérer leurs risques en connaissance de cause. “. Il rappelle en effet que l’enjeu reste la sécurité des réseaux 5G et que ce sur ce point, “Il n’y a pas de débat avec les opérateurs, qui sont responsables en France”.
De son côté Free n’est pas concerné puisque l’opérateur a signé un partenariat avec Nokia. Le FAI de Xavier Niel aurait été appelé à ne pas signer avec Huawei. Orange ne dispose pas d’antennes du géant chinois mais souhaite avoir la possibilité de se tourner vers lui.
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