Les opérateurs français attendent toujours de pied ferme une clarification de l’Etat sur la possibilité, ou non, d’utiliser les équipements Huawei dans leurs réseaux 5G. SFR et Bouygues estiment aujourd’hui que l’Etat joue la montre. En cas de refus, l’impact serait énorme pour eux.
La loi Huawei continue de faire des vagues. Orange, Free, Bouygues Telecom et SFR sont désormais au parfum concernant les équipements qu’ils pourront utiliser pour le déploiement de leurs réseaux 5G. Le secteur est obligé aujourd’hui d’obtenir au préalable une autorisation auprès de l’ANSSI. L’agence nationale de la sécurité et des systèmes d’information dispose de deux mois pour donner une réponse. Passé ce délais, celle-ci sera considérée comme négative. Si refus, l’équipementier sera dans l’obligation de proposer un nouveau dossier.
Selon Les Echos, Bouygues et SFR ont décidé de déposer des demandes d’autorisation dans le cadre de l’utilisation d’équipements Huawei pour la 5G en décembre dernier après l’entrée en vigueur de la loi.
Et c’est là que ça coince pour les opérateurs. Bouygues, dont 50% du réseau est équipé par Huawei reproche tout comme SFR à l’ANSSI une lenteur délibérée dans les prises de décision, l’agence multiplie depuis les demandes de précisions. « Des manoeuvres dilatoires » selon l’un deux afin de ne pas avoir à refuser une demande d’autorisation avant l’attribution des fréquences 5G programmée en avril prochain. Si l’agence venait à refuser un équipementier en amont de l’attribution des fréquences, les opérateurs pourraient alors mettre moins sur la table lors des enchères, poursuit le quotidien.
« Si l’État choisit de jouer la montre, nous attaquerons. La jurisprudence joue pour nous », a martelé Didier Casas, secrétaire général de Bouygues Telecom dans les lignes du Figaro.
Les conséquences pourraient alors être désastreuses pour Bouygues et SFR. S’ils n’obtiennent pas d’autorisation de passer par Huawei, tous deux seraient dans l’obligation de remplacer leurs antennes 3G et 4G pour des raisons de compatibilité. Les sommes à débourser seraient colossales. Pire encore, leur réseau serait par conséquent impacté pendant de nombreux mois et les abonnés pourraient filer à la concurrence. Sans Huawei, le coût du déploiement de la 5G en France augmenterait de 8 % à 29 % au cours des 10 prochaines années, chiffre le quotidien.
De son côté Free n’est pas concerné puisque l’opérateur a signé un partenariat avec Nokia. Le FAI de Xavier Niel aurait été appelé à ne pas signer avec Huawei. Orange ne dispose pas d’antennes du géant chinois mais souhaite avoir la possibilité de se tourner vers lui.
Les opérateurs attendent toujours une prise de position claire du gouvernement, le temps presse. En cas de refus, ces derniers souhaiteraient une aide financière de l’Etat pour changer d’équipementier. « C’est notamment pour ne pas avoir à le faire que l’État refuse de prendre position clairement », a lancé l’un des acteurs. Imbroglio.
Source : Le Figaro, Les Echos.
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