Pour le directeur général d’Iliad/Free, un cloud européen est “terriblement nécessaire”
Thomas Reynaud, directeur général de la maison-mère de Free revient sur une problématique jugée importante à l’heure de la guerre en Ukraine et des tensions avec la Chine : la souveraineté européenne sur le cloud et les données.
Le DG de Free tire la sonnette d’alarme. Dans une tribune dans le think tank Terra Nova, Thomas Reynaud urge en effet la Commission européenne de mettre en place “une politique de souveraineté cohérente et efficace” en matière de cloud et de protection des données.
Cette technologie qu’il définit “trivialement” comme l’utilisation “pour soi l’ordinateur de quelqu’un d’autre“, s’est imposée dans notre monde et touche de nombreux gestes du quotidien. Thomas Reynaud prend en exemple “la consultation de son solde bancaire sur son smartphone, le stockage de ses photos ou la recherche de son itinéraire” mais n’exclut pas également son importance pour les entreprises et les administrations pour traiter des informations sensibles ainsi que pour “certaines fonctions régaliennes de l’État“.
Le Cloud européen est indispensable à la souveraineté de l'🇪🇺. L’Europe a besoin d’un « Buy European Act », miroir du « Buy American Act », qui structure la politique américaine depuis longtemps. Mon analyse dans @_Terra_Nova 👉 https://t.co/sb3YvGL13H @ThierryBreton #Hope pic.twitter.com/DPZwsdz8Jr
— Thomas REYNAUD (@TomReynaud1789) November 16, 2022
L’Europe doit donc être au rendez-vous de cette technologie et assurer sa souveraineté face à plusieurs menaces dont la dépendance accrue à des solutions non-européennes. Il rappelle par ailleurs que “ l’Europe dépend – et elle en est en grande partie responsable – de plus en plus d’acteurs comme Amazon Web Services, Microsoft, Google cloud platform, ou encore le chinois Alibaba qui fournissent plus de 75 % des services Cloud en Europe, avec une réelle efficacité”. Le directeur général d’Iliad explique que la part de marché de ces acteurs a continué de croître récemment tandis que celle des acteurs européens baisse.
De plus, “les données stockées et traitées par les Etats-Unis ou la Chine sont soumises à des législations non-européennes, motivées par des intérêts de sécurité nationale“. Le dirigeant de la maison-mère de Free cite par exemple le Cloud Act permettant aux américains de saisir, en cas d’enquête criminelle, toutes les données qui pourraient menacer l’ordre public. Il dénonce également “la difficulté face à cette situation de dépendance industrielle et réglementaire, de continuer à défendre des valeurs européennes dans la sphère numérique.”
Pour Thomas Reynaud, “les data centers ne sont pas l’enjeu principal. C’est la maitrise de ce que l’on appelle la “couche logicielle”, celle qui permet de rendre intelligibles les données, de les exploiter, qui est au cœur de la bataille” et affirme qu’un “Cloud européen est non seulement possible, mais terriblement nécessaire. Il n’y a pas de fatalité technologique qui nous condamnerait à n’être que des revendeurs européens de solutions logicielles américaines ou chinoises, car la bataille du Cloud n’est pas perdue !”