Pourquoi M6 n’a finalement pas été vendu, tout reste possible à l’avenir
Après des fiançailles infructueuses avec TF1 et malgré des offres d’achats, M6 restera finalement dans le giron de RTL Group. Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, explique le raisonnement ayant abouti à ce choix.
Un dossier qui aura pourtant agité l’audiovisuel français pendant plusieurs années mais qui n’aboutira pas à un grand chamboulement. Hier, le propriétaire de la chaîne M6 a annoncé qu’il ne vendra finalement pas le groupe, craignant un “nouveau revers en France” après l’échec de la fusion avec TF1.
“Nous avons travaillé pendant deux ans sur un schéma de consolidation avec les groupes Bouygues et TF1. Hélas, l’Autorité de la concurrence a décidé que cette opération n’était pas possible. On peut le regretter. Sans doute, notre analyse du marché était en avance.“explique Nicolas de Tavernost au Figaro, déplorant une “occasion manquée“. RTL Group a ensuite décidé de “tester le marché” en relançant le processus de vente avec des offres “ambitieuses et conséquentes“, provenant par exemple de Xavier Niel.
Cependant, malgré leur qualité, ces offres n’ont pas réussi à séduire complètement le principal actionnaire de M6. Ce dernier a en effet choisi de continuer à travailler avec M6 à moyen terme, sans pour autant oublier la perspective d’une consolidation en France. Thomas Rabe, en charge de Bertelsmann, considère que la question “reviendra. Sans aucun doute. C’est une question de deux à trois ans, maximum” peut-on lire dans le Financial Times. Il affirmait par ailleurs devant les actionnaires que le groupe ne manquait pas de capitaux et n’était “pas pressé de revendre“.
Et l’avenir pour M6 ?
Ces négociations infructueuses n’ont cependant pas été inutiles, affirme Nicolas de Tavernost. Durant les échanges avec les acquéreurs potentiels, “de nombreuses perspectives de partenariats sont apparus. […] Cela nous permet d’envisager le développement de nos activités, notamment dans le domaine du streaming vidéo et des contenus“. Si RTL ne prévoit pas de baisser sa participation, “rien n’empêche de faire entrer des partenaires qui nous aideraient dans notre développement” explique le président du directoire de M6.
Pour l’instant, l’objectif clair de M6 est d’être candidat au renouvellement de sa fréquence TNT auprès de l’Arcom dans de bonnes conditions pour une période de dix ans. C’est notamment sur ce point que la fin des négociations avec TF1 a mis de gros bâtons dans les roues à la vente de la chaîne. En effet, l’échéance pour le renouvellement des fréquences de M6 était fixé à mars 2023. Une fois la date passée et le renouvellement actée, il était impossible de vendre le groupe pour une durée de 5 ans. Nicolas de Tavernost estime qu’il est “souhaitable de faire évoluer la réglementation en France. Elle a fait la preuve qu’elle n’était pas adaptée à l’évolution de notre secteur.”
Quant à l’évolution de M6 en elle même, un changement d’actionnaire n’aurait rien résolu au problème de vieillissement de l’audience explique le dirigeant. “Notre challenge, désormais, est de développer nos offres de contenus, notamment de streaming, autour de notre pépite technologique Bedrock, qui pilote déjà des plateformes en Europe, notamment aux Pays-Bas avec Videoland. Nous aurons désormais du temps pour réfléchir sereinement à des stratégies susceptibles d’accélérer notre mutation” détaille Nicolas de Tavernost affirmant que le groupe possède “tout à fait les moyens d’investir“.