En réaction à l’annonce du prix de réserve pour l’attribution des fréquences 5G, l’opérateur de Xavier Niel ne cache pas ses craintes tout comme ses rivaux.
Les opérateurs et l’Arcep ne cessent de le répéter depuis plus d’un an, il y a un juste équilibre à trouver en n’obérant pas la capacité des opérateurs à investir dans leurs réseaux en se montrant trop gourmands pour les finances de l’État. Mais aujourd’hui, Orange, Free, SFR et Bouygues craignent que l’attribution des fréquences 5G en France n’emboîtent le pas aux folles enchères en Italie et en Allemagne.
L’Arcep a récemment assurer vouloir « veiller à ce que l’on rester dans un ordre raisonnable pour l’attribution de fréquences. Leur valorisation n’est pas un exercice absolu, cela dépend des obligations qui vont avec ». Seulement, le gouvernement a annoncé dimanche dernier un prix plancher de 2,17 milliards d’euros pour les 310 MHz disponibles, un montant plus élevé que celui préconisé par la police des télécoms, aux alentours de 1,5 milliards d’euros . A la place, l’Etat s’est basé sur l’estimation de la Commission des participations et des transferts (CPT) et n’en démord pas, ce prix est « équilibré et raisonnable » a fait savoir la secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher.
Une réaction du régulateur est donc attendue. En attendant, les opérateurs sont en colère, notamment Free. Le président du conseil d’administration d’Iliad voit d’un mauvais oeil ce choix : « Cet appel d’offres poursuit trop d’objectifs et menace la concurrence. On ne peut pas durablement avoir un marché avec des prix très bas, des obligations de couverture maximalistes et des prix fous et probablement indécents au terme des enchères pour les fréquences. »
Pour un autre acteur, ce processus d’attribution marque , « la fin de la coopération intelligente qui avait prévalu au moment du New Deal » peut-on lire dans Les Echos.
« C’est le retour de l’ancien monde, où les finances de l’État passent avant le reste. On n’avait pas eu le temps de s’habituer au nouveau », critique également l’un des opérateurs, cette dans les colonnes du Figaro.
En janvier 2018, un accord historique a été trouvé entre les quatre opérateurs et le gouvernement autour de la généralisation de la 4G sur le territoire. Des obligations importantes en matière de déploiement et d’investissement ont été données à Orange, Free, SFR et Bouygues moyennant le renouvellement de licences sans passer par les enchères. Plusieurs d’entre eux s’accordent à dire que Bercy souhaite prendre appui sur la 5G pour faire payer le New Deal.
Avec la 4G, l’Etat a empoché 2,8 milliards d’euros en 2015. La 5G pourrait lui rapporter plus de 3 milliards d’euros.
L’Etat va ainsi proposer à Orange, Free, SFR et Bouygues un premier bloc de 50 MHz pour 350 millions d’euros par opérateur. Une fois cette première phase actée, un système d’enchère prendra le relais pour attribuer le reste du spectre, à savoir 110 MHz répartis en 11 blocs de 10 MHz, avec un prix de départ de 70 millions d’euros pour chacun. La partie s’annonce disputée et la facture, possiblement salée.
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