Après avoir remis en cause fin 2021 le protocole de mesure du régulateur, Free en rajoute une couche par la voix de son président Maxime Lombardini. L’opérateur demande un débat autour d’une nouvelle méthodologie acceptée également par ses rivaux.
“Nous pensons nécessaire que le régulateur organise, pour produire des enquêtes de QoS pertinentes et reconnues, un débat ouvert et transparent, après avoir défini ses objectifs et les modalités de communication des résultats. Ce débat doit permettre d’arrêter un protocole de mesure et une méthodologie acceptés par l’ensemble des acteurs”. A l’occasion de la publication de l’édition 2022 de son rapport sur l’état de l’internet en France, l’Arcep a donné la parole à Maxime Lombardini, président de Free à propos des enquêtes de qualité de service mobile de l’Arcep. Dans la campagne 2021 dévoilée en novembre dernier, Orange en est sorti une nouvelle fois grand gagnant sur une multitude d’indicateurs. De son côté, Free Mobile s’est fait torpiller sur les débits toutes technologies confondues, en particulier sur la 5G dont la vitesse apparaissait même inférieure à sa 4G. Dans les zones peu denses, l’opérateur de Xavier Niel apparaît toutefois comme le premier opérateur alternatif.
En désaccord avec le protocole de mesure utilisé par Qoosi dans son enquête pour l’Arcep, Free Mobile est alors monté au créneau à coups de mesures de débit pour 4 opérateurs effectuées par une société indépendante et prestataire de l’Arcep, sur 50 points à Paris. L’objectif était lors de démontrer que l’enquête de la police des télécoms n’est aujourd’hui pas représentative des cas d’usages des utilisateurs mobiles en France. Ce que l’Autorité a dans la foulée contesté.
Le 1er juillet, le président d’Iliad, maison-mère de Free est revenu à la charge sans trop se montrer virulent : “Les enquêtes de qualité de service mobile de l’Arcep suivent de manière rigoureuse un protocole complexe. Plus de 200 indicateurs d’usage et de couverture sont mesurés chaque année, sur des dizaines de milliers de points, puis agrégés en strates pour former des indicateurs. Le détail des résultats de ces enquêtes reste donc obscur pour le grand public, et même pour les journalistes spécialisés”, estime Maxime Lombardini.
Selon lui, il est “d’ailleurs amusant de constater qu’à chaque enquête, chacun des opérateurs se déclare le meilleur sur l’un ou l’autre des critères. De plus, les résultats mis en avant n’expriment pas forcément la réalité de l’expérience utilisateur. Les journalistes, comme l’Arcep elle-même, ont tendance à axer leur communication sur les mesures du débit descendant qui ne reflètent pourtant que très imparfaitement le confort d’utilisation. En effet, dès lors qu’il dépasse la dizaine de Mbit/s, le débit descendant est rarement un élément-clé pour les principaux usages (regarder une vidéo, envoyer des photos ou recevoir un mail…). Mais, surtout, le choix du protocole de mesure du débit descendant de l’Arcep est le point le plus discutable de toute l’enquête de qualité de service. Une petite polémique publique, assez technique, a d’ailleurs eu lieu lors de la publication des résultats 2021, et pourrait reprendre cette année. Un simple constat de bon sens. Il existe de nombreuses plateformes de test de débit, comme 5GMark ou nPerf.”
Une autre problématique concerne les indicateurs de débit d’Orange, Free, SFR et Bouygues Telecom. S’il varient rarement du simple ou double entre le premier et le dernier selon différents outils de mesures,“le protocole Arcep est le seul à avoir mesuré des écarts d’un facteur 3 entre les débits de certains opérateurs en 2021. Un tel écart interpelle sur la fabilité de ce dernier au regard des résultats obtenus par les autres plateformes”, estime Free Mobile.
Questionné sur la même thématique, le chef performance réseau de Bouygues Telecom, Frederic Lazoroski, a pour sa part estimé que les opérateurs et l’Arcep doivent “évaluer si les mesures de débit descendant sont toujours pertinentes. L’enquête QoS mobile devrait se concentrer sur les indicateurs mesurant la qualité des services utilisés chaque jour par les clients.” Pour l’opérateur, un débit boosté n’est pas suffisant pour délivrer un service optimal : “Le réseau doit être fable, optimisé et dimensionné de bout en bout”.
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