Après avoir lancé son « appel de Deauville » en mars dernier, lors des Etats-Généraux des RIP, la fédération Infranum cherche à sensibiliser l’Etat sur la nécessité d’un plan de résilience des infrastructures numériques françaises.
Sections de câbles de fibre optique, malfaçon dans les raccordements finaux, accidentologie dans les interventions et fragilité des infrastructures aériennes, Infranum engage une large concertation pour assurer, “autant que possible, un maintien du service en toutes circonstances”. Afin de sensibiliser le gouvernement à la prise en compte du caractère essentiel des infrastructures numériques en les rendant résilientes, la filière dévoile ce 24 juin un état des lieux sur les risques et pistes d’action possibles.
“L’actualité récente (tempête Alex, ouragan Irma, la section de fibres optiques fin avril qui a touché plusieurs régions en France pendant plusieurs heures, etc.) n’ont fait que renforcer la conviction de la fédération qu’il faut une prise de conscience collective et à la hauteur des enjeux pour une action rapide concernant la résilience des infrastructures numériques françaises”, informe-t-elle. Au total, 5 risques ont été identifiés en face desquels des préconisations ont été émises. Ils sont le fruit d’une étude qualitative basée sur la méthode EBIOS 2010, soit “une série de scénarios de menace et une appréciation du risque de chacun en fonction de sa gravité et de sa vraisemblance.”
Face à des actes en recrudescence, que ce soit sur les infrastructures fixes et mobiles, et aux accidents qui restent l’une des principales causes d’interruption de service, Infranum préconise la redondance, le renforcement de la sécurité des infrastructures ou sites sensibles et le « spare » (infrastructures de rechange).
Une partie importante des réseaux FttH s’appuie sur des supports aériens (plus de 500 000 km de linéaire, en particulier dans les zones rurales). Ces segments de réseau sont particulièrement exposés aux intempéries et autres risques. Le rapport préconise donc l’enfouissement des réseaux, a minima les plus sensibles et stratégiques, un meilleur élagage, une organisation optimisée concernant les unités d’intervention rapides en cas d’incident et un fonds de soutien exceptionnel, en particulier dans les territoires ultramarins (cyclone, séisme, éruption volcanique, etc.). Pour rappel, dans l’Observatoire annuel du Très Haut Débit 2022, InfraNum évalue le coût de l’enfouissement de ces 50% de génie civil aérien à 10 Mds €.
En cohérence avec le plan d’action relatif à la qualité des raccordements présenté en juin 2022 par InfraNum, plusieurs mesures peuvent être mise en place : labellisation des entreprises et des intervenants, partage des plannings d’intervention entre opérateurs commerciaux et opérateurs d’infrastructures, valorisation du compte-rendu d’intervention comme clef de voûte du dispositif de validation de la qualité du raccordement.
Intervenir sur les réseaux génère mécaniquement un taux d’accidentologie plus important, estime Infranum. Le décommissionnement du cuivre pourrait donc présenter des risques importants sur les infrastructures optiques ainsi que d’autres interventions ponctuelles (densification, ré-ingénierie). Face à ces risques, la concertation entre l’ensemble des acteurs concernés par ces interventions doit être amplifiée.
Face à une organisation de l’Etat central et déconcentré méconnue par un certain nombre d’acteurs et à une nécessaire meilleure coordination entre toutes les composantes de la filière et des réseaux (publics / privés, locaux / nationaux), InfraNum réitère son appel à un « Grenelle de la résilience et de la souveraineté des infrastructures numériques ». “Ce dernier point a été largement commenté récemment. « Les opérateurs d’infrastructure sont en première ligne, or jusqu’à présent, lors de crise, ils ne sont pas consultés. Et de multiples acteurs interviennent sur le réseau. Il y a un vrai besoin de coordination lors de crise, avec une filière bien organisée et justement rémunérée » plaide Eric Jammaron, Vice-président d’InfraNum et Président d’Axione.
Vient également la question du financement. Si de nombreuses mesures n’appellent pas nécessairement à un investissement, tous les acteurs semblent conscients qu’en face d’un problème collectif, il faudra partager les responsabilités. Antoine Darodes, directeur du département Investissements Transition Numérique àla Caisse des dépôts BDT explique : « Le plan France THD est un colosse au pied d’argile. C’est un ensemble de solutions qui permettra d’atteindre cette résilience. Et face au besoin d’investissement que certaines mesures vont générer, la Banque des territoires répondra présente si tant est que les notions de solidarité territoriale et de long terme prévalent dans ces projets ».
La fédération et la Banque des Territoires encouragent les collectivités dans la mise en place de « schémas locaux de la résilience ». Convaincues qu’il faut prendre des mesures au niveau national, mais avant tout au niveau local, elles se réjouissent d’avoir été entendues par le Syndicat mixte Gironde Numérique qui s’est déclaré être intéressé par l’exercice.
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