Fibre optique : les métiers vont devoir évoluer avec l’avancée du déploiement
A l’approche du 100% fibre prévu pour 2025, la question des emplois dans la filière de la fibre optique se pose.
Un secteur qui a vu son nombre de techniciens grimper à 40 000 équivalents temps plein en cinq ans et pour qui le plus gros chantier va bientôt se terminer. Loin de paniquer, la filière réfléchit à l’avenir des métiers de la fibre optique.
En effet, si rien n’est fait, 7000 emplois sont potentiellement menacés par la fin du déploiement de la fibre. Cependant, Philipple Lamazou, président de Circet, numéro 1 français et européen du déploiement d’infrastructures télécoms veut éviter d’alarmer : « pas de panique, le monde des télécoms ne s’écroule pas ». En effet, si le déploiement des lignes le long des routes prendra fin, il restera encore les raccordement, réparer les pannes, entretenir le vieux réseau cuivre d’Orange jusqu’en 2030, date de fermeture, puis le démonter…
“La baisse de charge ne sera pas pour demain, et la plupart des entreprises du secteur ont anticipé” affirme-t-il. Le directeur technique et commercial de Scopelec est du même avis, malgré sa situation plus que délicate vis-à-vis de l’opérateur historique, avec qui il a perdu une grande partie de ses contrats. La reconversion dans un autre secteur est en effet une option : « nous avons commencé à basculer des personnes vers les chantiers d’installation des bornes de recharge pour voitures électriques » explique-t-il.
« La filière des infrastructures numériques, opérateurs, sous-traitants et équipementiers, anticipe collectivement pour voir comment elle peut accompagner et promouvoir l’orientation des emplois actuels vers ces nouvelles activités. Cette réaction collective et structurée est une première dans les télécoms », souligne Nicolas Guérin, président du comité stratégique de la filière des infrastructures numériques. D’autres pistes sont explorées, comme la participation aux projets de “territoires connectés”, visant à déployer de nouveaux usages concernant par exemple l’éclairage public, la gestion de l’eau, des déchets ou encore la vidéo-surveillance. Plusieurs initiatives du genre ont été lancées en France et cela pourrait ainsi permettre à la filière de conserver une activité dans l’Hexagone, à une condition : “Cela demandera une montée en compétence des personnes mobilisées actuellement sur le déploiement des réseaux. Si nous ne faisons rien, des acteurs étrangers prendront la place“. D’après lui, la formation des techniciens pour ces nouveaux défis “coûtera peut être des centaines de millions d’euros“, mais il assure que “plus de 40 milliards d’euros de chiffres d’affaires” peuvent être récupérés si le marché s’adapte.
InfraNum a d’ailleurs présenté un “plan de résilience” de 10 milliards d’euros, proposant entre autre des actions pour sécuriser les réseaux comme le doublement de certaines infrastructures et l’enfouissement des câbles installés en aériens. . Les industriels envisagent également d’aller aider nos voisins en apportant leur expérience en Europe. Il reste 32 millions de prises à déployer en Allemagne, 21 millions au Royaume-Uni et 14 millions en Italie, de quoi donner du travail aux entreprises du secteur.
Source : Le Monde