8 à 10 milliards d’euros attendus pour la vente de TDF
Une opération suscitant des convoitises, y compris chez Orange qui voudrait consolider son exploitant de tours Totem.
Les premières propositions peuvent désormais arriver. Le principal actionnaire de l’opérateur de tours TDF, Brookfield, annonce être prêt à recevoir des offres concernant la vente de ses 45% détenus chez l’exploitant de 19 200 sites télécoms. Les enjeux sont importants et après des semaines de préparation, “les infos mémo sont envoyés cette semaine, pour une première remise d’offres vers la mi-juillet“, indiquent les sources des Echos.
Le groupe canadien compte sur une valorisation allant de 8 à 10 milliards d’euros, plus du double du prix demandé en 2014 pour le rachat par les actuels actionnaires. TDF est en effet en forme, prévoyant une croissance de son Ebitda de près de 7% cette année, notamment grâce au déploiement de la fibre. L’opérateur a également deux atouts à son avantage : le déploiement des prises hors des frontières mais aussi celui du réseau 5G destiné aux industriels.
Les candidats se sont déjà fait remarquer. Orange, notamment serait intéressé dans le but de renforcer sa récente société Totem, créée l’année dernière et gérant l’ensemble de ses actifs en France et en Espagne. S’il parvenait à ses fins, il s’agirait presque d’un retour aux sources pour l’opérateur historique, qui s’était désengagé du diffuseur en 2002. Cette idée cependant provient d’une époque assez différente pour Orange, alors sous la houlette de Stéphane Richard.
Avec son récent changement de direction, il reste à voir si Christel Heydemann donnera suite à l’idée. D’après l’une des sources citées par nos confrères, Orange pourrait avoir d’autres priorités en ce moment “que de se lancer dans une grosse transaction et de gros investissements vont être nécessaires notamment dans la fibre. TDF réinvestit déjà tout son résultat opérationnel par an”. De plus, diviser TDF en plusieurs pôles ne serait pas dans les plans des équipes de l’opérateur de tour ni des actionnaires encore présents au capital.
D’autant plus qu’Orange n’est pas seul sur le coup. Si Cellnex, s’étant fait remarquer pour de nombreuses acquisitions ne pourrait pas vraiment se porter candidat sans attirer l’attention de l’autorité de la concurrence en France, une filiale de Vodafone s’y intéresse également. De même, American Tower ou encore Phoenix Tower international seraient intéressés ainsi que d’autres groupes. « American Tower et Blackstone qui sont parmi les acteurs les moins gros en France dans les « towerco » ont beaucoup d’appétit pour grandir » explique une source.
Mais l’un des plus gros challenger est un co-actionnaire de TDF : le néerlandais APG dispose en effet de 22.5% du capital et dispose pour sa part d’une forme de droit de préemption. Il aurait par ailleurs discuté un temps d’une alliance avec Blackstone, et pourrait trouver un autre allié pour partager la facture. Une autre inconnue se pose pour ceux voulant le contrôle total de TDF, comme c’est le cas pour Orange : un autre actionnaire, détenant lui aussi 22.5% pourrait-il vendre ses parts ? Ce serait alors la seule solution pour éviter un co-contrôle. Le groupe canadien PSP n’a pas dévoilé ses intentions pour l’instant.