Orange : la course à la présidence est semée d’embûches, une question d’âge ?
Les personnels, 2e actionnaire du groupe Orange, refusent la modification des statuts permettant d’avoir un président ayant plus de 70 ans. Le choix de l’Etat aura son importance.
A la suite du départ de Stéphane Richard, une nouvelle gouvernance commence à prendre place avec la dissociation des mandats. Si le poste de directrice générale a déjà été attribuée à Christel Heydemann, reste le choix du président du conseil d’administration non exécutif. Favori désigné mais décrié, l’actuel président du groupe, Valeo, Jacques Aschenbroich, 67 ans, devait être proposé au poste de président d’Orange lors du conseil d’administration du 16 février. Sa nomination devait ensuite être entérinée lors de l’assemblée générale annuelle de l’opérateur historique du 19 mai. Mais pour se faire, les statuts doivent être modifiés pour permettre le choix d’un président dépassant l’âge de 70 ans au cours de son mandat, ce qui n’est pas le cas actuellement.
A cela, le FCPE (Fond Commun de Placement Entreprise) , 2e actionnaire d’Orange, dit « non ». Le vendredi 11 mars 2022, il s’est exprimé contre la modification des statuts visant à permettre à un Président du Conseil d’administration de dépasser l’âge de 70 ans. Le groupe souhaite relever ce seuil à 75 ans.
“Il est impossible de prétendre simultanément que l’entreprise a besoin de « jeunes recrues » pour répondre aux enjeux du numérique et de reculer au-delà de 70 ans l’âge de son Président : les personnels attendent de la cohérence et de l’exemplarité dans la gouvernance de l’entreprise”, ont conjointement indiqué les trois organisations syndicales représentées au sein du conseil de surveillance du FCPE, à savoir la CGT, CFDTet CFE-CGC.
Et d’ajouter qui le président atteint cet âge durant son mandat, “il ne pourrait en réaliser qu’un seul, replongeant Orange dans un choix difficile dans 4 ans.” Une autre question se pose sur le favori Jacques Aschenbroich, “comment un président issu de l’extérieur, ne connaissant pas l’entreprise et ne pouvant exercer qu’un seul mandat, serait-il à même d’animer un conseil d’administration dont la vocation est de définir les orientations stratégiques sur le temps long dont Orange a besoin ?”.
C’est aujourd’hui on ne peut plus clair, les syndicats sont vent debout face à l’éventuelle nomination du président de Valeo, son profit ne plaît pas et certains de ses choix stratégiques font craindre le pire. Son groupe a notamment supprimé 12 000 postes dans le monde au premier semestre 2020, dont près de 2 000 en France.
Une autre candidate est aussi visée par la même occasion, bien que plus appréciée par les salariés, il s’agit de Patricia Barbizet, ex-présidente générale du groupe de luxe Kering. Egalement âgée de 67 ans, elle serait dans les petits papiers de l’Etat. Ce dernier sera donc par la force des choses amené à faire son choix. Avec 40% des droits de vote effectif à l’assemblée générale, il pèse beaucoup plus que les 15% de votes des salariés.
Mais au-delà de la question de l’âge, si le FCPE invite “les autres actionnaires à voter contre une résolution qui ouvre la porte à toutes les dérives de gouvernance et à la nomination d’un Président de fait massivement rejeté par les personnels”, c’est aussi pour tenter de propulser le représentant de la CFE-CGC, Sébastien Crozier, également candidat à la présidence.
[Mise à jour du 16 mars] Le FCPE Orange Actions nous a fait parvenir un démenti aux allégations de tout soutien de sa part à une quelconque candidature :
« Dans le cadre des évolutions de gouvernance au sein du groupe Orange, le Conseil de Surveillance du FCPE Orange Actions, deuxième actionnaire du groupe après le consortium ETAT/BPI, n’a aucune “ambition à propulser” un quelconque candidat à la présidence du groupe Orange.
Restant attaché aux instances du Groupe Orange, le FCPE Orange Actions ne s’est exprimé jusqu’à présent dans aucun média et réaffirme son vote majoritairement contre la modification des statuts pour relever le seuil de l’âge à 70 ans du Président du Conseil d’administration.
Toute autre interprétation du positionnement des membres du conseil serait considérée comme erronée.
Pour rappel, le conseil de surveillance est composé de plusieurs parties prenantes (syndicats et association), dont aucune n‘est majoritaire .
Nadia Zak Calvet, Présidente du Conseil de Surveillance du FCPE Orange Actions.