Si la consolidation dans le secteur des télécoms en France n’est pas à l’ordre du jour selon les 4 grands opérateurs, les déclarations s’enchaînent. “Il n’y pas de vendeur actuellement” assure Bouygues Telecom.
Après l’échec du mariage entre Orange et Bouygues Telecom puis celui du rapprochement entre SFR et une nouvelle fois la filiale de Bouygues, la consolidation refait parler d’elle en ce début d’année loin de la table des négociations. A tour de rôle, les opérateurs confient leur position actuelle sur la question dans les médias ou devant des commissions. Pour l’heure, un passage à trois n’est pas d’actualité, mais l’avenir peut réserver des surprises.
Dans une interview accordée hier au Figaro en marge de la présentation des résultats annuels du groupe, Olivier Roussat, directeur général de Bouygues a fait le point sur la situation : “Pour qu’il y ait une consolidation, il faut un vendeur ; or il n’y en a pas actuellement. Le marché français a trouvé un équilibre relatif à quatre opérateurs. Tout le monde gagne de l’argent. Pour Bouygues, l’arrivée d’un quatrième opérateur en 2011 a été un choc et il a fallu une décennie pour digérer son impact. Mais aujourd’hui, Bouygues Telecom, fidèle à la stratégie définie en 2014, est en croissance grâce à son positionnement d’opérateur de qualité et au rachat d’opérateurs virtuels comme EIT”.
Même son de cloche du côté de Patrick Drahi dont l’opérateur SFR a lui aussi racheté récemment plusieurs MVNO ( Réglo Mobile, Prixtel et Coriolis). Auditionné le 2 février par les sénateurs dans le cadre de la concentration dans les médias, le fondateur d’Altice a lui aussi assuré “qu’il n’y a pas de discussions en ce sens actuellement”. Après avoir rappelé avoir tout tenté pour racheter ou s’allier à un autre de ses concurrents, le milliardaire laisse la porte entre-ouverte en précisant “qu’il aime bien insister dans la vie et qu’il n’est pas pressé”. Car pour lui, cette consolidation devrait bien avoir lieu un jour, car les telcos français sont trop petits pour lutter contre leurs concurrents américains et risquent de se faire racheter par un opérateur étranger.
Pour Gregory Rabuel, PDG de SFR, pas question d’aller dans le sens inverse sur le sujet , ”aujourd’hui la consolidation n’est pas à l’ordre du jour“ a t-il déclaré le 16 février sur le plateau de BFM Business. Si les bilans trimestriels sont en général positifs pour Orange, Bouygues, Free et SFR, le patron de l’opérateur au carré rouge entrevoit lui aussi un possible passage à trois opérateur à l’avenir : “pour quatre opérateurs sur un marché, il arrive toujours un moment où c’est plus difficile pour l’un que pour les trois autres mais évidemment tout le monde s’en sort plutôt bien. Mais sur la longue route, je ne doute pas qu’il y aura une consolidation.”
Du côté de Xavier Niel, fondateur d’Iliad, la consolidation en France ne fait pas de sens aujourd’hui : ” Je crois qu’il n ’y a jamais trop de concurrence. Quand Free est arrivé en 2012, tout le secteur a baissé ses prix, chaque foyer a économisé plusieurs centaines d’euros par an. En même temps, vous avez aujourd’hui quatre acteurs qui gagnent leur vie ! C’est une concurrence saine qui pousse chacun à investir pour se différencier : à déployer plus vite la fibre optique, la 5G, à mettre de la 4G de manière plus performante, à améliorer sans cesse la couverture du territoire”, a t-il confié en janvier lors d’une interview accordée aux lecteurs du Parisien.
Mais si rapprochement il devait y avoir, quel scénario serait le plus probable ? On pourrait penser à une alliance entre Orange et Bouygues Telecom. En novembre dernier, Stéphane Richard, futur ex-PDG d’Orange n’a pas épargné l’Etat dans sa tentative de faire entrer la filiale de Bouygues au capital de l’opérateur historique il y a 6 ans. “Nous sommes un des rares pays de notre taille dans lequel elle ne s’est pas produite. Si le rachat de Bouygues Telecom par Orange a échoué en 2016, c’est en grande partie à cause de l’État, qui a formulé des exigences déraisonnables”, assure celui qui a “mouillé sa chemise” pour que ce rapprochement aboutisse. Sa conviction est fondée : “que Bouygues devienne actionnaire d’Orange a été vécu par certains comme une erreur politique. On ne peut pas me reprocher l’échec de ce projet”. A l’heure où l’Etat estime avoir la vocation à réduire sa position au capital d’Orange, une nouvelle tentative pourrait alors paraître moins utopique le cas échéant.
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