Gregory Rabuel, PDG d’Altice France, estime normal que Netflix et consorts paient ou du moins participent à l’effort des opérateurs pour proposer un réseau qui tient.
Le monde des télécoms est en constante évolution et certaines questions restent encore sans réponses. Lors d’une interview pour BFM Business, le patron de SFR, s’est exprimé sur deux sujets remis sur le tapis par les opérateurs : la contribution des géants du net aux réseaux et le retour à trois opérateurs en France.
Comme Orange et la Fédération Française des Télécoms, Gregory Rabuel estime qu’il est temps de réagir concernant les Gafam. “Ce n’est pas une situation nouvelles, cela fait dix ans, 15 ans qu’on parle déjà de cela, tout cela a déjà été exacerbé par la crise sanitaire” affirme-t-il. En effet les géants du numérique, comme Netflix par exemple représentent près de 80% de la bande passante des opérateurs. “Et ils ne paient rien aux opérateurs, ne paient pas de guichet pour utiliser nos infrastructures“, déplore le Directeur Général en rappelant que de leurs côtés, Orange, Free, Bouygues et SFR investissent énormément dans leurs réseaux (11 milliards en 2021).
L’opérateur estime ainsi qu’une législation est nécessaire et si des discussions sont engagées au niveau européen, l’attente pour une solution se fait longue. “C’est un sujet clé et on ne pourra pas continuer comme ça pendant des années”, assène-t-il, d’autant plus que dans le cadre européen, la situation ne permet pas un rapport de force suffisant. Si aux Etats Unis, quatre opérateurs se partagent le territoire, en Europe on en “87 opérateurs“. ” C’est un combat qui est très déséquilibré […] Plus vous êtes gros, plus vous pouvez parler d’égal à égal avec Amazon et Netflix. Aujourd’hui, même si on est gros en France ou dans d’autres pays, nous ne sommes pas assez gros pour pouvoir être entendus.”
La puissance de négociation des opérateurs seuls a d’ailleurs amené un autre sujet sur la table : celui de la consolidation du marché en France. Si Patrick Drahi (fondateur d’Altice) estime qu’elle est inévitable, pour Gregory Rabuel, ” aujourd’hui elle n’est pas à l’ordre du jour“. Si les bilans trimestriels sont en général positifs pour Orange, Bouygues, Free et SFR, le directeur de ce dernier nuance en expliquant que “pour quatre opérateurs sur un marché, il arrive toujours un moment où c’est plus difficile pour l’un que pour les trois autres mais évidemment tout le monde s’en sort plutôt bien. Mais sur la longue route, je ne doute pas qu’il y aura une consolidation.”
Ce marché à quatre opérateurs a cependant lancé une guerre des prix, avec des forfaits toujours plus attractifs et moins rentables et SFR ne s’y trompe pas, le problème est venu des opérateurs eux mêmes. “Beaucoup de clients se baladent d’un opérateur à un autre et cherchent une promo, c’est une faute collective qui n’a pas vraiment de sens” affirme-t-il, au vu des investissements réalisés pour les infrastructures. Lorsque SFR investit 3 milliards d’euros par an, comme les autres opérateurs, ces derniers ont ainsi “plutôt intérêt à avoir des prix décents pour les services que l’on propose puisqu’il y a de plus en plus d’attentes de la part des abonnés“. Un argument déjà évoqué notamment par Bouygues Telecom lorsqu’il justifiait l’augmentation automatique appliqué à ses forfaits, assurant qu’il fallait que les abonnés paient le prix juste.
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