Élus et utilisateurs veulent la fibre optique, mais exigent surtout une connexion très haut débit sans couac et fonctionnelle. L’heure est donc venue de passer à la vitesse supérieure.
Lassés pour les dysfonctionnements récurrents de la fibre, les élus de Paris-Saclay, pôle technologique situé à vingt kilomètres au sud de Paris, ont décidé de passer à la vitesse supérieure. À leurs yeux, la situation ne plus durer alors qu’il est question d’un “territoire censé être pionnier dans l’innovation et 100 % fibré depuis 2018”.
Face à une situation jugée “inacceptable” et des utilisateurs n’en pouvant plus, fini la pression “amicale, mais ferme” et place désormais à l’offensive. Les élus déplorent la difficulté à résoudre les problèmes, notamment du fait que “les opérateurs d’infrastructures et les opérateurs commerciaux se renvoient la balle”. Les élus ont décidé d’ouvrir “la voie du contentieux”. Plusieurs recours juridiques pour “non-respect des obligations concernant le déploiement de la fibre” sont ainsi en cours. “Nous déposerons aussi systématiquement plainte au pénal dès qu’une dégradation de réseau sera constatée”, ajoute Grégoire de Lasteyrie, l’un des élus à l’origine de l’initiative. “Enfin, nous saisissons l’Arcep pour qu’elle enclenche une procédure de contrôle auprès des opérateurs et des délégataires, et prononce d’éventuelles sanctions”, poursuit-il.
La situation est telle que des maires comme celui de Viry-Châtillon finissent par cadenasser les armoires de rues “pour garantir la sécurité des réseaux”, que des maires comme celui d’Épinay-sur-Seine finissent par “envoyer la police municipale lors d’intervention de techniciens pour que ça ne dégénère pas” ou que des professionnels pénalisés pensent à déménager. La députée Marie Guévenoux a déploré plus de 3 600 incidents dans la 9e circonscription du département de l’Essonne en 2020-2021.
“C’est usant”, déplore-t-on côté utilisateurs. “À chaque fois, on doit poser des RTT pour être disponibles lors des interventions techniques. Mais rien n’est résolu. Le télétravail est très compliqué, car même quand les opérateurs nous prêtent des boxes, si on est plusieurs dessus, ça ne fonctionne pas. Ce qui est insupportable, c’est de n’avoir aucune visibilité et de ne pas savoir quand on aura enfin la fibre”, expliquent des habitants excédés.
De son côté, l’opérateur d’infrastructures Altitude infrastructure ne nie pas les nombreuses difficultés et souligne les efforts pour faire avancer le dossier. “En Essonne, les choses ne vont pas bien et on va mettre les bouchées doubles. On va arrêter la commercialisation des raccordements le temps de remettre en état toutes les armoires de rue et les points de mutualisation. Nous demandons aussi à l’Arcep d’imposer aux opérateurs commerciaux de nous communiquer un calendrier de leurs interventions. Nous ne pouvons pas faire la police si nous ne savons pas qui agit où et quand. Les choses progressent : les opérateurs revoient leurs chaînes de sous-traitance et sont en train d’appliquer les procédures de contrôle avec des photos des interventions avant et après”, explique-t-il, faisant référence aux diverses solutions explorées par la filière pour enrayer le problème des malfaçons. Même l’intelligence artificielle sera de la partie, comme l’expliquait en décembre dernier l’opérateur d’infrastructures Axione.
Source : Le Parisien
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