La fusion des deux groupes audiovisuels n’en finit pas de soulever des inquiétudes, certains producteurs craignent qu’après la procédure finalisée, la nouvelle entité et le service public occupent une part trop importante du marché.
Conserver une diversité et liberté de création malgré l’émergence d’un nouvel acteur, tel sera le défi pour les producteurs si la fusion TF1-M6 aboutit. Lors d’une audition au Sénat, trois dirigeants de sociétés de production ont fait part de leurs inquiétudes concernant les conséquences de l’opération pour leur secteur.
Stéphane Courbit, gérant le groupe Banijay (Koh Lanta, Les Marseillais, Versaille) dont le groupe Vivendi est un actionnaire minoritaire estime que “si jamais la fusion TF1-M6 se faisait, on aurait un vrai duopole“. L’entrepreneur estime en effet que cette entité représenterait 90% des achats de programmes. Le service public estime pour sa part que le projet ne constitue pas une menace. Pour les acteurs du marché privé, les producteurs se retrouveraient ainsi avec un seul client et craignent ainsi que TF1-M6 soit celui qui fixe les prix.
Si Pierre-Antoine Capton, à la tête de Mediawan (co-fondé par Xavier Niel et Matthieu Pigasse) estime que les producteurs ne peuvent “que se réjouir de leur bonne santé économique et de leur dynamisme”, il partage cependant les réserves de ses homologues. Pour lui, “il est essentiel de continuer à préserver la vitalité et la diversité de la création et que les mouvements de concentration en cours ne se fassent pas au détriment de cet intérêt“. De son côté, Pascal Breton, Président de Federation Entertainment (producteur de Le bureau des Légendes, En thérapie” estime que “tout ira bien”, à une condition : “trouver un accord qui soit un accord de respect sur, bien entendu, les droits et essentiellement les mandats de distribution, puisque le très grand risque c’est qu’on soit tout petit face à un monstre qui dit “moi j’impose de garder la totalité des droits” ”
D’autres inquiétudes ont émergé, cette fois du côté des annonceurs, qui estiment que la création d’un nouvel acteur possédant trois quarts des encarts publicitaires présente un risque pour la concurrence. Une opinion partagée par l’ex-présidente de l’Autorité de la concurrence. Fin 2021, Canal+ et Iliad ont d’ailleurs plaidé pour que la fusion des groupes TF1 et M6 soit examinée directement par les services de la concurrence de la Commission Européenne.
Source : AFP
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