Les Français ont beau être de plus en plus nombreux à posséder un téléphone portable, certains d’entre eux restent aux abonnés absents lors d’un appel, ayant en effet bien du mal à décrocher.
De nombreux Français ne décrochent pas lorsqu’ils sont appelés, à en croire une étude de l’Insee réalisée auprès de personnes âgées de 15 ans et plus. “Cela veut dire que, lorsque vous appelez sans prévenir, il y a de bonnes chances que personne ne décroche”, explique Stéphane Legleye, l’un des auteurs.
17 % des propriétaires de téléphone fixe indiquent ne jamais décrocher et 26 % ne répondre qu’aux numéros connus. 2 % des détenteurs de téléphone portable ne répondent jamais et 30 % filtrent systématiquement. De manière générale, 73,5 % décrocheraient systématiquement, tandis que 20,2 % filtreraient ou refuseraient systématiquement les appels. La tendance est plus marquée chez les 75 ans et plus, qui sont 32,2 % à filtrer ou refuser les appels. 2 % de la population serait ainsi difficile, voire impossible, à joindre.
“Disposer d’un téléphone n’est pas toujours synonyme de joignabilité. Ignorer ou filtrer les appels est une pratique courante”, analyse Stéphane Legleye. Au-delà de l’appel loupé ou de celui ignoré car tombant au mauvais moment, il s’agit d’une manière de filtrer les sollicitations commerciales et les conversations qui s’éternisent. Sans oublier que certains sont plus à l’aise à l’écrit.
Pour éviter des conversations qui s’éternisent, SMS et messageries sont privilégiés par certains, comme Catherine, retraitée de 73 ans. “Ces dernières années, mon téléphone a changé d’usage. Avant, je parlais au téléphone et maintenant, grâce à lui, je communique. Plus de 70 % de mon utilisation du téléphone repose sur les SMS”, explique-t-elle. “Il y a un changement d’habitude. Les longues conversations des adolescents des années 1980 ou 1990 sont révolues. Désormais, on préfère se donner rendez-vous pour s’appeler. On veut le faire dans de bonnes conditions, dans un contexte où l’on ne risque pas d’être dérangé”, analyse de son côté Nicolas Nova, socio-anthropologue des cultures numériques, concernant la pratique consistant à programmer les appels. “Il y a un effet de saturation, car nous sommes de plus en plus connectés”, estime quant à lui Pascal Lardellier, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Bourgogne.
“Quand je leur parle, ils n’ont pas l’air d’avoir les codes. Cela ne leur vient pas à l’esprit qu’à un moment, il faut arriver à se parler en direct”, déplore Guirec, formateur, face à des stagiaires ou étudiants ayant tendance à prolonger les échanges via les SMS ou les messageries instantanées et à éviter le téléphone.
Source : Le Parisien
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