Microsoft fait l’objet d’une plainte pour abus de position dominante en Europe
Un groupe de différentes entreprises du logiciel libre a décidé de porter plainte face à Microsoft qui pousse ses offres cloud dans Windows 10 et 11.
Microsoft est dans le collimateur de la Commission européenne. En effet, suite à une plainte déposée en juillet 2020 par Slack, la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne lançait en octobre dernier une enquête préliminaire sur les pratiques anticoncurrentielles Microsoft. C’est aujourd’hui à un groupe d’entreprises européennes, dont l’entreprise allemande Nextcloud est au cœur de l’initiative, de saisir l’autorité bruxelloise au sujet des pratiques commerciales de la firme de Redmond.
De nombreuses entreprises et associations professionnelles européennes telles qu’Aqua Ray, Linagora ou Whaller soutiennent l’initiative du groupe.
Le groupe d’entreprises a entamé la procédure de plainte auprès de la Commission européenne dès le début de l’année 2021 contre la firme de Redmond. Cette association a décidé de rendre l’affaire publique afin que Bruxelles n’écarte pas le dossier. Le groupe a également saisi l’Autorité de la concurrence allemande et pourrait prévenir l’Autorité française.
Microsoft pousse ses services comme One Drive ou Teams au sein de son système d’exploitation Windows. Alors que Teams est installé par défaut sur Windows 11, ses utilisateurs sont régulièrement incités à utiliser la solution de stockage dans le cloud de Microsoft via des messages récurrents.
La coalition explique : « Microsoft pousse agressivement les consommateurs à accepter et à livrer leurs données. Cela limite le choix des consommateurs et créé des barrières à l’entrée pour les entreprises concurrentes ».
Elle détaille également qu’« en quelques années, la part de marché de Microsoft dans le cloud en Europe est passée à 66 %, tandis que la part de marché des acteurs nationaux est passée de 26 % à 16 % ».
Un porte-parole de Microsoft a déclaré au Figaro : « Les utilisateurs attendent d’un système d’exploitation moderne qu’il fournisse des services de communication et de stockage sécurisés et fiables, quel que soit l’appareil utilisé ». « Les utilisateurs de notre système d’exploitation peuvent facilement sélectionner et utiliser d’autres solutions de communications et de stockage à la place ou en complément de Teams et de OneDrive, ce que beaucoup d’entre eux font. »
Microsoft a déjà été condamné pour abus de position dominante en 2004 puis en 2013, notamment pour la mise en avant abusive de son lecteur Windows Media ainsi qu’Explorer son navigateur Web.
Pour Frank Karlit-Schek, le directeur général de Nextcloud, Microsoft utilise toujours le même schéma : « Vous copiez le produit d’un acteur innovant, vous le couplez à votre offre dominante et vous tuez ainsi leur business. Ce type de comportement est mauvais pour les consommateurs, pour le marché et bien sûr pour les entreprises européennes ».
La plainte de la coalition menée par Nextcloud fait écho à celle de Slack datant de juillet 2020. Slack reprochait à Microsoft d’interférer à son développement en incitant les professionnels utilisant la suite Microsoft 365 à opter pour Teams, la messagerie de Microsoft. L’enquête préliminaire a été ouverte par Bruxelles.
Les faits reprochés à la firme de Redmond représente également un point important du Digital Markets Act européen actuellement en négociation.