Devenu le premier actionnaire de Lagardère en juin dernier, Vivendi s’apprête à lancer une OPA pour s’emparer de l’empire familial Lagardère. Le groupe de Vincent risque toutefois de rencontrer quelques obstacles sur sa route.
Depuis juin dernier, Vivendi est le premier actionnaire du groupe de médias Lagardère (Journal du dimanche, Paris Match, Europe et Hachette) avec 27 %, devant le fond activiste londonien Amber Capital (18 %), le Qatar (12 %), Arnaud Lagardère (11 %) et Bernard Arnault (10 %). Il ne s’agissait toutefois que des prémisses. Le groupe de Vincent Bolloré n’en avait en effet pas fini. Comme annoncé dans un communiqué, il versera 610 millions d’euros pour obtenir les actions détenues par Amber Capital, entré au capital en 2016, soit un montant de 24,10 euros par action, d’ici le 15 décembre 2022. De quoi porter ses parts à 45 % et ses droits de vote à 36 %, avant de… lancer dans la foulée une offre publique d’achat.
Parts d’Amber Capital comprises, l’opération coûterait la bagatelle de 2,5 milliards d’euros à Vivendi. Mais il faut rappeler que le désengagement progressif de la filiale Universal Music a rapporté plus de 10 milliards d’euros. Prévue le 21 septembre, l’introduction en bourse sur la base d’une valorisation à 33 milliards d’euros viendra encore alimenter la trésorerie disponible. Il va toutefois falloir surmonter quelques obstacles.
Bernard Arnault et le Qatar seraient vendeurs. “Le groupe Lagardère se réjouit du projet d’investissement que souhaite réaliser Vivendi en acquérant la participation d’Amber Capital. Ce projet témoigne de la confiance de Vivendi dans la pertinence du modèle stratégique de Lagardère basé sur la complémentarité de ses activités et son efficacité opérationnelle. Il conforte le respect de l’intégrité du groupe Lagardère et le soutien apporté à son management”, indique de son côté un communiqué du groupe Lagardère.
Arnaud Lagardère souhaiterait au contraire rester au capital. La position pourrait toutefois devenir difficile à tenir avec un Vincent Bolloré devenu maître à bord du bateau portant son propre nom. Sans compter que le milliardaire pourrait se retrouver poussé vers la sortie à la première occasion. À moins que ne lui soit confié un rôle non opérationnel, tandis que les rênes seraient confiées à une personne désignée par Vivendi. Depuis l’entrée de Vivendi au capital de Lagardère, il y a un an et demi, son implication et ses méthodes feraient, en coulisses, l’objet de vives critiques. Sans oublier la perquisition du siège parisien du groupe Lagardère, ce mardi, suite à une information judiciaire ouverte par le Parquet national financier. Celle-ci avait été ouverte après le dépôt d’une plainte (retirée quelques jours plus tard) par Amber Capital, qui dénonçait alors un “achat de votes”, des “abus de biens sociaux”, “des comptes inexacts” et une “information fausse ou trompeuse”.
Il faudra en outre convaincre les autorités de la concurrence. Dans le monde de l’édition par exemple, on sait que Vivendi aimerait rapprocher sa filiale Editis d’Hachette, mais qu’une telle opération avait été empêchée en 2003. Cela devrait en revanche être moins problématique pour les boutiques dans les aéroports et gares qui ont subi de plein fouet la crise sanitaire et qui pourraient être proposées au groupe LVMH.
Source : Libération
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